SLN : la patronne d'Eramet en Calédonie dans un contexte grave

Christel Bories, PDG d'Eramet, lors d'une visite en Calédonie, en novembre 2018.
Christel Bories, présidente directrice générale d’Eramet, doit participer cette semaine à un conseil d’administration de la SLN, dans un contexte tendu. La Société Le Nickel a déclenché une procédure de mandat ad hoc, alors que le syndicat majoritaire au sein de l’entreprise a fait valoir son droit d’alerte et lancé une mobilisation ce lundi matin. NC la 1ère plante le décor.

La SLN devrait terminer l’année dans le rouge. Avec une production en nickel métal de seulement 40 000 tonnes et des exportations également revues à la baisse, de 3 millions de tonnes de minerai. Cette nouvelle année déficitaire, la onzième,  pourrait mener "Le Nickel" à la cessation de paiement dès le mois de mars.

Malgré le soutien de l'Etat

Pourtant, la société a bénéficié d’un soutien massif de l’Etat et de son actionnaire principal. Au total 63 milliards de francs CFP, sous forme de prêts accordés en 2015 et 2016. Mais de cet argent, il ne reste quasiment rien, les derniers quatre milliards ont été débloqués en septembre dernier. Car le secteur du ferronickel va mal. Coûteux à produire avec la flambée du prix des matières premières, son prix de vente a reculé de 27% depuis le début de l’année.

Quid du sulfate de nickel ? 

Pourtant, le nickel est vu comme l’or noir du futur, puisqu’il entre dans la composition des batteries de voiture électrique. Sauf qu’aujourd’hui, la SLN ne produit que du ferronickel et il ne peut pas être transformé en sulfate de nickel. Or, c’est ce produit qui entre dans la composition des batteries.

Questions

La question se pose de la stratégie choisie par la SLN, et plus largement son actionnaire principal Eramet. Jusqu’en 2016, la SLN produisait ce que l’on appelle de la matte de nickel. Produit qui lui, peut être, transformé en sulfate. Eramet n’a pas pour autant manqué le train du nickel destiné aux batteries. Seulement, le groupe minier mise sur son site indonésien, pour pénétrer le marché, et pas sur la Nouvelle-Calédonie

Premier employeur privé

Quelle que soit l’origine de la situation actuelle, il y a urgence à prendre des mesures pour assurer la survie de la SLN. Une défaillance du premier employeur privé, avec près de 2 000 salariés, serait catastrophique pour la Calédonie. A commencer par la Cafat, qui se retrouverait elle-même en incapacité de payer les prestations sociales.

Inquiétude

C'est dans ce contexte que se place la visite de Christel Bories. La présidente directrice générale d’Eramet doit participer cette semaine à un conseil d’administration de la SLN. Vendredi, la Société Le Nickel annonçait avoir déclenché une procédure de mandat ad hoc pour renégocier ses dettes. Elle pourrait ne plus être en capacité de payer ses fournisseurs d’ici à mars. Le syndicat SGTINC, majoritaire, se dit très inquiet. Il a lancé un mouvement social tôt ce lundi 21 novembre.