Sommet du Pacifique : tensions autour des visas chinois

Le quarante-neuvième sommet du Forum des îles du Pacifique s'est ouvert hier à Nauru. Un rendez-vous annuel qui a failli échouer d'emblée en raison d'une querelle de visas entre la Chine et Nauru. 


 
Alors que le Forum des îles du Pacifique (FIP) s'est ouvert ce lundi, des membres de la délégation chinoise ont menacé de boycotter les travaux en raison du mauvais traitement qui leur a été réservé. 
 

Nauru, très soutenue par Taïwan 


Nauru, qui n'entretient pas de relations diplomatiques avec la Chine, reconnaît l'île de Taïwan qui a financé une bonne partie des infrastructures servant à accueillir le sommet. Mais en parallèle, depuis des décennies, Pékin et Taipei se livrent à une lutte d'influence dans la région, les deux pays proposant leur aide financière à de petites nations en échange de leur reconnaissance.


Bourdes diplomatiques 


Dans les faits, Nauru a refusé d'apposer un visa d'entrée sur les passeports diplomatiques des délégués chinois, déclarant que seuls les passeports personnels pouvaient être tamponnés. Un détail qui a provoqué la fureur d'autres membres du FIP, dont beaucoup reçoivent de l'aide au développement de la part de la Chine. Le Premier ministre des Samoa, par exemple, Tuilaepa Sailele Malielegaoi, a envoyé une lettre au président de Nauru, Baron Waqa, pour menacer de boycotter le sommet et prévenir que d'autres suivraient. "La décision de votre Gouvernement remet en cause l'intégrité, la crédibilité et le fondement de notre organisation", a-t-il écrit. La situation n'a finalement retrouvé son calme que lorsque Nauru a proposé un compromis aux termes duquel les lettres d'acceptation de visa des délégués ont été tamponnées plutôt que leur passeport.
 

Des enjeux politiques 


La Chine qui n'appartient pas aux dix-huit états membres du FIP participe à la réunion en tant que "partenaire du dialogue". Et pour cause, selon le cabinet d'études australien Lowy Institute, la Chine aurait injecté 1,78 milliard d'aide, y compris sous forme de prêts préférentiels, aux nations du Pacifique entre 2006 et 2016.

Officiellement, la réunion du FIP doit porter sur l'impact dévastateur du changement climatique sur des archipels submergés ou l'influence grandissante de la Chine. Mais dans les faits, le sommet est l'occasion d'un coup de projecteur sur un camp de rétention controversé où l'Australie relègue des centaines de demandeurs d'asile.