"On avait peu de choses avant, on était très heureux. Déjà, si on avait un paquet de gâteaux, c'était merveilleux !" Gérald, rencontré au marché de Nouméa, repense aux Noëls de son enfance. C'était à Canala, avant le boom du nickel. "Aujourd'hui, les gens travaillent à la mine, ils ont des grands métiers. Mais avant, c'est surtout les gens qui cueillent le café, on vit du colportage…"
"Je rattrape ce que je n'ai pas eu"
Vivre un Noël fastueux s'avère important pour Tikui. Son enfance au Vanuatu n’a pas été rose. C’est une fois arrivée en Calédonie, adulte, qu’elle a découvert le plaisir des fêtes. "Maintenant, je fête Noël en famille avec mes enfants, mes petits-enfants. Des huîtres, du foie gras, crevettes, saumon, champagne… Je rattrape ce que je n'ai pas eu. Moi, je n'ai pas connu Noël ni le Nouvel An. Je travaillais très dur."
"Il fallait aller à la messe de Minuit"
Noël rime aujourd’hui avec bons repas et jolis cadeaux. On s’éloigne du message religieux qui comptait pourtant beaucoup, avant. Par exemple dans les années soixante, estime Miguel Harbulot, qui préside la Fondation des pionniers. "On habitait à La Conception", au Mont-Dore, explique-t-il. "Je me souviens très bien qu'à l'époque de Noël, il y avait installation de la crèche. Et je me souviens de la messe de Minuit, parce qu'il fallait y aller. Les cadeaux, je n'ai pas souvenir qu'on en avait des tonnes, par rapport à aujourd'hui. Je pense qu'on a oublié l'aspect religieux pour surtout réveillonner et se faire des cadeaux. "
Noël plus commercial, moins sacré. Une tendance loin de concerner uniquement la Calédonie…
"On allait garnir l'eïka"
Des souvenirs de Noël, NC la 1ère en propose plein sa page Facebook, avec Imag'in production. Pana, Maréenne originaire de Cengeite, s'y rappelle avec émotion de son tout premier présent. "On ne recevait jamais de cadeau mais ce jour-là, ma grande cousine nous a amené un petit pochon, avec un petit panier, et il y avait dedans des petits fruits, en plastique. J'avais six ans, j'étais contente !" Pana qui se souvient que "tous les soirs, on allait à l'église apprendre les petits poèmes bibliques et le matin, on allait garnir l'eïka, la paroisse, pour Noël".
"Pour moi, c'est la naissance de Jésus"
Maryse repense à des vacances en famille. "On était allés en Nouvelle-Zélande. Mes trois enfants étaient encore jeunes. Le jour de Noël, ils avaient été très terribles", raconte-t-elle. "On a 'appelé' le père Noël, on lui a dit de pas passer ! Le matin, quand ils se sont réveillés, ils ont vu que les chaussures étaient vides, il n'y avait rien. Ils faisaient tous la tête." La leçon finit bien : les cadeaux étaient cachés dans le spa de l'hôtel. Une fête qui, pour Maryse, conserve un vrai sens spirituel. "Noël, c'est très important. Pour moi, c'est la naissance de Jésus."
"On fabriquait ensemble le sapin"
Pour Lucie, le plus marquant se passait avant. "Ma mère ne voulait jamais avoir un sapin conventionnel. On devait tout le temps le fabriquer. Soit on peignait sur une toile un sapin décoré et on mettait les cadeaux au pied. Ou alors c'était une branche d'arbre mort qu'on décorait, et le père Noël passait en dessous. On a aussi eu un sapin en feutrine, en bois… La période où on fabriquait ensemble le sapin et les décorations, tout était fait maison, était au final bien plus chouette que le jour en lui-même."
"Avec ma famille que je vois rarement"
"Mon meilleur souvenir de Noël, je pense que c'était celui de l'année dernière, que j'ai passé en France avec ma famille, du côté de mon père, que je vois très rarement", renchérit Thalie, treize ans, qui avoue au passage un penchant pour les bûches en chocolat…
Un Noël "incroyable" à Farino
Quant à Keny, il se revoit à Noël 2018 du côté de Farino, entouré de ses cousins et de ses cousines. "J'étais avec toute ma petite famille. Sur la table, c'était bien garni. Langoustes qu'avait pêchées mon tonton Totof. Grisettes que j'avais pêchées avec mon grand-père sur les platiers du récif. Il y avait même la roussette de compagnie de mon oncle, qui s'appelait Tchoupi, qu'on avait recueillie."