Le gardien agressé vendredi au centre pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie devait passer Noël en famille même s'il lui faut encore recevoir des soins conséquents. Hier, ses collègues lui ont rendu visite au Médipôle. Derrière le soulagement de le voir se remettre, la colère et l'inquiétude.
Dave Wahéo-Hnasson et Claude Lindor, avec AFP et F.T. •
«Nous avons trouvé un collègue très touché physiquement, multiples contusions et traumatismes. Mais il a une force morale impressionnante», saluait Claude Cortès, président du SLP-FO, après lui avoir rendu visite à l’hôpital. «Donc ça va, il se remet petit à petit et il nous a surpris un petit peu avec sa bonne humeur.» Le reportage de Dave Wahéo-Hnasson et Claude Lindor, diffusé samedi 23 décembre.
L’agression s’est produite vendredi, vers 6 heures du matin, dans le quartier disciplinaire et d’isolement. Le gardien ouvrait la cellule d’un détenu particulièrement signalé pour la promenade quand celui-ci l’a attaqué et menotté. Lui prenant les clés, il a libéré deux autres prisonniers. Tous sont revenus frapper le surveillant, laissé pour mort dans une cellule.
Radio
Premier à intervenir et à donner l’alerte, son collègue Moana Mana est venu témoigner hier soir, au journal télévisé de NC 1ère. Expliquer, aussi. «Nous ne sommes pas armés, les armes en détention sont interdites, a-t-il rappelé en réponse aux questions de Gwénola Quéméner. Ce qu’on a comme moyen de défense, c’est notre radio. On doit utiliser la force à mains nues.»
«Le manque d’effectifs et les postes non couverts sur cette tranche horaire, dans ce quartier, font qu’on est obligés de se mettre en danger et de travailler de cette façon pour pouvoir remplir notre mission de service public.»
L’intersyndicale demande «le transfert en Métropole de ces trois détenus» et «le renfort immédiat en effectifs, en surveillants contractuels et par la suite, un recrutement en local pour pouvoir atteindre le quota des 186 agents». Moana Mana a décrit des surveillants «obligés de se démultiplier pour mettre en place des activités, la promenade, envoyer les détenus à l’infirmerie, les parloirs, les audiences avec les éducateurs et les officiers en place dans les quartiers… C’est clair que trop de tâche nous sont incombées.»
«Il ne se passe pas un jour où il n’y a pas un fait de violence.»
Une violence «ancrée»
Le surveillant a aussi évoqué une violence «ancrée dans le Camp-Est. Il ne se passe pas un jour où il n’y a pas un fait de violence.» Craint-il un climat encore plus délétère à l'approche du référendum d'autodétermination? «2018, pour l'instant, ce n'est pas encore dans les esprits, a estimé Moana Mana. Mais ça peut servir de prétexte.»