Taxe sur les carburants, nécessaire ou inutile ?

Nouveau renvoi en commission du texte sur la taxe carburant, jeudi 21 mars. Il avait déjà été retoqué en octobre 2023 après le dépôt de motions préjudicielles par Les Loyalistes et Calédonie ensemble. Depuis plusieurs jours, les opposants à cette taxe pour l’équilibre tarifaire martèlent que les Calédoniens vont devoir payer 20 francs de plus par litre d’essence.

Vous avez peut-être vu passer sur les réseaux sociaux ce petit graphique qui annonce que pour une voiture citadine l’augmentation due à la taxe serait de 50 000 francs pacifique par an et de 80 000 francs pacifique pour un 4x4.

Ce graphique circule sur Facebook mais on ne sait pas sur quelles bases les calculs ont été réalisés.

Déjà, ce graphique ne précise pas combien de kilomètres roulent ces véhicules chaque année pour atteindre un tel montant. Par ailleurs, il laisse entendre que cette taxation serait automatique et systématique. Mais le mécanisme est un peu plus technique que ça.

Une taxe variable 

Le texte proposé par le gouvernement prévoit en effet d'ajouter une taxe variable à celle déjà existante. Cela veut dire que pour "limiter les effets sur les consommateurs", elle serait activée uniquement lorsque les tarifs CAF, ceux qui comprennent les frais d'assurance et de fret, sont inférieurs à :

91 XPF par litre importé pour l’essence

109 XPF par litre importé pour le gazole. 

Le montant final de cette taxe serait donc égal à la différence entre ces deux seuils et les prix de l’importation. Il ne pourrait pas dépasser 20 francs par litre.

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Pour les automobilistes, ces chiffres sont sûrement plus parlants si l'on comptabilise le prix de revente, celui qui est affiché à la pompe.

En dessous des 180 XPF le litre à la pompe, et en fonction des cours internationaux, la taxe pourrait être de 20 XPF au maximum. Mais elle pourrait être de 15, 10 ou 5 XPF par exemple. Et en cas de forte hausse des cours qui ferait passer le prix de revente au-dessus des 180 XPF le litre, la nouvelle taxe serait tout simplement désactivée.

Autrement dit, le mécanisme implique davantage que les consommateurs ne verront plus forcément,  comme auparavant, une baisse lorsque les cours diminuent légèrement.

Rendement entre 3 et 5 milliards CFP

D’ailleurs, selon le gouvernement, son rendement est estimé entre 3 et 5 milliards de francs par an, mais il pourrait être donc encore inférieur à ces montants. C’est ce qui explique les critiques de certains politiques l’an dernier. Si les cours du pétrole sont très hauts, toute l’année, cette taxe pourrait ne pas rapporter grand-chose, car on l’a dit, elle ne s’appliquerait pas.

Il s’agit là du texte d’origine. Reste maintenant à savoir si des amendements prévoyaient des modifications importantes jeudi 21 mars 2024. Ils n’ont pas pu être déposés puisque ces textes ont été renvoyés en commission. 

Les Calédoniens inquiets malgré tout 

Le projet de texte n'a finalement pas été étudié jeudi 21 mars. De quoi offrir un répit aux automobilistes qui s'inquiètent déjà d'une nette augmentation des prix à la pompe.

Natacha Lassauce-Cognard et Claude Lindor ont interrogé les Calédoniens dans les stations-service :

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