Frédéric Desmoulins est un homme "heureux". Hier soir, à Bouraké, ce passionné d’astronomie a capturé un phénomène hors norme : une aurore australe.
Un phénomène très commun dans les hautes latitudes, donc près des pôles Nord et Sud, mais de plus en plus rare lorsque l’on se rapproche de l'équateur. Ces ciels aux couleurs exceptionnelles sont appelés aurores boréales dans l'hémisphère Nord, australes dans le Sud.
Or, la terre subit depuis vendredi soir une énorme tempête géomagnétique, due à une éruption solaire de très grande ampleur qui a projeté en direction de la terre une quantité de matière colossale, constituée d’ions et d’électrons. Si le phénomène peut perturber les GPS et les réseaux électriques, il est aussi responsable de ces aurores : en effet, en atteignant l'atmosphère terrestre, les particules projetées par le soleil vont se refléter dans l’atmosphère, dans un dégradé de couleur allant du vert au jaune, en passant par le rose et le violet.
La tempête géomagnétique actuelle, de niveau 4 sur une échelle de 5, est considérée comme majeure par les experts. Au point de permettre d'apercevoir ces aurores en Nouvelle-Calédonie. "C'est une première", selon le président de l'association calédonienne d'astronomie, Jean-Christophe Millot, qui a pu lui aussi observer le phénomène depuis le Ouen Toro : "Je ne pensais pas qu'on pouvait les voir aussi près de l'équateur. Mais, en regardant ensuite sur les sites spécialisés, je me suis aperçu que des aurores polaires avaient été signalées au Costa Rica ou au Mexique, donc encore plus près de l'équateur que nous."
D'abord un rougeoiement dans le ciel
Hier soir vers 20 heures, Frédéric Desmoulins a donc décidé de tenter sa chance, même si les aurores sont difficilement visibles à l’œil nu sous nos latitudes : "J’ai sorti mon appareil, je l'ai équipé d'un objectif grand angle, j'ai ouvert le diaphragme à fond, mis la sensibilité à 10 000 ISO et fait une photo de 30 secondes. Mon cœur s'est emballé quand j'ai vu qu'une partie du ciel était rose sur le cliché", raconte-t-il.
Frédéric décide donc de monter en haut d’une colline avec son matériel et "à 20 heures pile, le ciel est devenu clairement rougeâtre sur l’horizon. Et c’est là que j’ai fait mes plus belles photos. Or, pour moi, photographier une aurore solaire sous les tropiques, c’est un peu le graal."
Les effets de la tempête solaire allant en diminuant, les chances sont quasi inexistantes d'assister à de nouvelles aurores australes en Nouvelle-Calédonie dans les prochains jours, même si le phénomène reste visible ailleurs. Il faudra donc malheureusement attendre une nouvelle éruption pour tenter votre chance.