Territoire du Nord: le gouvernement australien cède aux pressions

Nommé par Malcolm Turnbull, le Premier ministre (au 1er plan), le juge Brian Martin a démissionné de la présidence de la commission royale d'enquête sur le dispositif de protection et d'incarcération des mineurs dans le Territoire du Nord.
Il nomme un Aborigène pour co-présider la commission royale d'enquête sur la protection et la détention des mineurs. Le 1er choix de Malcolm Turnbull, le magistrat Brian Martin, était accusé d'être à la fois juge et partie. Il a démissionné. 
Malcolm Turnbull a mis sur pied une commission d'enquête la semaine dernière à la suite des révélations d'ABC sur les sévices infligés aux détenus mineurs dans le Territoire du Nord.  L'écrasante majorité de ces détenus sont des Aborigènes - en 2014, ils représentaient 97% de la population carcérale mineure dans le Territoire. 

Démission pour éviter la polémique

Le Premier ministre a d'abord nommé Brian Martin à sa tête. Mais il n'a tenu que quatre jours, car il est vivement critiqué par plusieurs organisations aborigènes. Elles estimaient que Brian Martin ne pouvait pas être à la fois juge et partie: c'est-à-dire, enquêter sur le système judiciaire et carcéral pour les mineurs alors que lui-même avait été magistrat dans le Territoire du Nord. 
Brian Martin était le Président de la Cour suprême du Territoire du Nord de 2004 à 2010. Certaines de ses décisions ont créé des polémiques. Par exemple, en 2010 le magistrat a jugé que 5 jeunes blancs qui avaient tabassé à mort un Aborigène à Alice Springs étaient « par ailleurs des personnes de bonne moralité ».  Il les a condamnés à des peines de 12 mois à 4 ans de prison, parce que la victime souffrait aussi d'un anévrisme cérébral et cela aurait pu être l'une des causes de son décès, outre les coups. 
Lundi matin lors de sa conférence de presse, le juge Martin a dit qu'il ne pouvait en aucun cas être accusé de partialité. « Ma démission ne signifie en aucun cas que je doute de ma capacité à être à la fois indépendant et compétent dans le rôle de commissaire », a-t-il déclaré, avant de poursuivre: « Des organisations et des personnalités-clés croient, ont le sentiment, qu'il y a un conflit d'intérêt. Cela compromet dès le départ l'efficacité de cette commission royale d'enquête. C'est un soupçon qui ne va pas disparaître. Et je ne suis pas le seul qui soit capable de mener cette commission. Il est absolument crucial que la personne qui préside cette commission jouisse de la confiance de ceux qui sont directement concernés par ce problème. » 
Nommés par George Brandis, le Garde des Sceaux, Mick Gooda et Margaret White présideront la commission royale d'enquête sur la protection et l'incarcération des mineurs dans le Territoire du Nord.

 

Un représentant aborigène comme co-président

Plusieurs organisations aborigènes et le parti travailliste réclamaient un commissaire aborigène pour présider à l'enquête sur le traitement des détenus mineurs dans le Territoire du Nord.
« Il est faux de suggérer que quelqu’un qui n’est pas indigène ne pourrait pas mener cette enquête convenablement et efficacement. C’est possible, du moment que cette personne consulte et demande conseils aux spécialistes de ce problème. »
Mais le gouvernement Turnbull a fini par céder aux pressions des représentants aborigènes et du parti travailliste. Il a nommé 2 présidents pour cette commission royale d'enquête. Mick Gooda, Aborigène du people Gangulu, dans le Queensland, et qui était jusque là le commissaire fédéral à la justice sociale pour les Aborigènes et les indigènes du détroit de Torrès.
Mick Gooda travaillera avec Margaret White, nommée co-présidente de la commission. Cette ancienne juge de la Cour Suprême du Queensland n'a jamais exercé dans le Territoire du Nord et ne peut pas être soupçonnée de conflit d'intérêts.