La vidéo a circulé sur les réseaux sociaux indonésiens ces derniers jours. Elle montre plusieurs personnes agressant un homme, les mains attachées dans un fût en acier rempli d'eau, dans la province orientale de Papouasie. Une autre vidéo montre le même homme, un Papou, dans le fût, tremblant pendant qu'un homme lui entaille le dos avec un couteau de combat. Les faits se seraient déroulés en février mais les images sont devenues virales la semaine du 18 mars.
L'armée indonésienne a ouvert une enquête après la diffusion de ces images et arrêté treize soldats sur plus d'une quarantaine interrogés, a déclaré lors d'une conférence de presse son porte-parole, Kristomei Sianturi.
Excuses
Les soldats accusés vont prochainement être déférés en justice. En effet, la Papouasie connaît depuis des décennies une rébellion séparatiste contre les forces de sécurité indonésiennes. Un haut responsable de l'armée indonésienne en Papouasie, Izak Pangemanan, a déclaré que ces actes "ternissaient les efforts pour gérer le conflit en Papouasie" et s'en est excusé." Je présente mes excuses à tous les Papous. Et nous continuerons à travailler pour que ce genre d'événements ne se répète pas à l'avenir ", a-t-il dit.
Selon des responsables militaires, l'homme torturé était accusé de vouloir incendier une clinique et appartenait à "un groupe armé criminel", une expression utilisée par l'armée indonésienne pour désigner les groupes de rebelles papous.
Historique
Pour rappel, la Papouasie partage l'île de Nouvelle-Guinée avec la Papouasie-Nouvelle-Guinée indépendante, au nord de l'Australie. Ancienne colonie néerlandaise, la Papouasie a déclaré son indépendance en 1961, mais l'Indonésie voisine en a pris le contrôle deux ans plus tard, promettant un référendum. Le vote qui a suivi en 1969 en faveur du maintien dans le giron indonésien, approuvé par les Nations unies à l'époque, a été largement considéré comme un simulacre.
La population mélanésienne de Papouasie partage peu de liens culturels avec le reste de l'Indonésie et l'armée indonésienne y est depuis longtemps accusée de violations flagrantes des droits humains.