Trois parlementaires calédoniens dénoncent la future circonscription unique aux européennes

Vue du Parlement européen à Strasbourg.
«Les collectivités françaises du Pacifique vont disparaître du Parlement européen», craignent trois parlementaires de Nouvelle-Calédonie et deux députées de Polynésie. Ils déplorent le projet de circonscription électorale unique aux européennes.
Rétablir une circonscription unique pour les prochaines élections au Parlement européen, tel est l’objectif d’un projet de loi déposé par le gouvernement en janvier dernier. Un texte revenu lundi devant l’Assemblée nationale qui l’a débattu et voté. Mais sans obtenir les suffrages de plusieurs parlementaires d’Outre-mer. «Nous avons voté contre», expliquent ainsi les deux députés calédoniens, Philippe Gomès et Philippe Dunoyer, dans un communiqué commun co-signé par Gérard Poadja, l’un des deux sénateurs du Caillou, et par deux députées de Polynésie, Maina Sage et Nicole Sanquer.

Communiqué sur le projet de circonscription unique aux européennes


«Nombre limité d'électeurs»

Jusqu'alors, pour chaque océan (Indien, Pacifique, Atlantique), le découpage «garantissait aux collectivités ultramarines de disposer d'un député européen susceptible de porter les attentes de la région dont il est issu», rappellent-ils. Mais avec la nouvelle loi, «la présence de candidats placés en positions éligibles sur les listes présentées pour les élections européennes dépendra exclusivement de la volonté des partis politiques nationaux» et «le nombre limité d'électeurs des collectivités françaises du Pacifique ne permettra pas à des candidats calédonien ou polynésien d'être retenus», regrettent-ils.

Le seizième forum entre les PTOM et l'Union européenne se tenait en février à Bruxelles.

L'enjeu du statut de PTOM

Les élus soulignent en outre qu'avec la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, la France demeure la seule grande puissance concernée par le statut des Pays et territoires d'Outre-mer, notamment dans le Pacifique, depuis le Brexit qui a fait disparaître «de nombreux PTOM britanniques». Les PTOM sont des dépendances et territoires d'outre-mer des États membres de l'UE qui ne font toutefois pas partie intégrante de l'Union européenne elle-même (et donc bénéficient de moins d'aides européennes). «Le risque est grand que la majorité des États membres de l'UE (qui n'ont pas de PTOM) milite pour la fin de ce statut ou une réduction significative des aides financières qui l'accompagnent», préviennent-ils, notant que des députés européens doivent pouvoir défendre ces territoires.

Devant le Sénat le 23 mai

Plusieurs parlementaires ultramarins, notamment socialistes, sont déjà montés au créneau pour dénoncer le retour à une seule circonscription nationale pour les élections européennes, au lieu de huit, synonyme selon eux de «recul» pour les Outre-mer. Un nouveau vote sur le texte doit avoir lieu le 23 mai au Sénat. Le prochaines européennes doivent se tenir en mai 2019.