Il a eu cinq minutes pour convaincre. Un jeu d’enfant, pour Metre Lapacas, participant à la finale du concours d’éloquence des départements gestion des entreprises et administration des IUT, à Nanterres. L’étudiant en 3e année de bachelor universitaire de technologie de gestion des entreprises et administrations, est accoutumé à l’exercice.
Il a remporté les concours d’éloquence des IUT de Nouvelle-Calédonie, de l'université de la Nouvelle-Calédonie 2022 et de la Polynésie 2023. Avant de disputer la finale nationale ce vendredi, à Nanterre, face à dix-sept autres candidats. Et devant un amphithéâtre rempli.
Cinq minutes, pour un discours dont les sujets ont été révélés trois semaines avant, par le comité organisateur. Deux sujets s’offraient à lui : "Ce qui n’est pas utile à la ruche ne l’est pas à l’abeille", et "l’argent ne fait pas le bonheur". Il a choisi le second. Avec deux mots obligatoires à placer : calculatrice et nénuphar.
Sa vie à la tribu de Jokin
Une prise de parole préparée avec ses professeurs de communication et de théâtre. Dans laquelle il évoque la vie en Nouvelle-Calédonie, les spécificités du territoire, la situation économique du Caillou.
Il revient notamment sur sa vie en famille, à la tribu de Jokin.
"On se racontait des histoires toute la nuit. Une vie simple, sans internet. Juste des pieds nus, un paréo, la mer et le ciel étoilé. Le bonheur gratuit en somme. Gratuit ? Pour être à Lifou, il a fallu que je prenne l’avion à Nouméa, 300 euros le billet aller-retour. Ensuite, il me faut louer un véhicule pour me rendre dans ma tribu de Jokin, 17 euros le trajet… Ensuite, il faut faire la coutume en présentant un tissu à 15 euros et un billet de 10 euros. Avant de s’asseoir sur ma natte, il a aussi fallu l’acheter. Et pour nourrir la famille, il a aussi fallu faire des courses […] Pour arriver à vivre les meilleures choses de ma vie, il me faudrait au moins 1 000 euros d’après la calculatrice. Finalement… pas si gratuit, mon bonheur". Un discours apprécié par le public.
Une première partie dédiée à sa Calédonie, suivie d'une seconde partie qui évoque la vie dans l'hexagone et ses difficultés. "Pour le sujet, je n’ai pas cherché à savoir si l’argent fait le bonheur ou non. Simplement, je rappelle ce que l’argent permet dans l’hexagone et ce qu’il permet en Calédonie", explique le jeune étudiant.
"C'est une grande fierté"
Metre Lapacas obtient la seconde place du concours national. Une grande surprise. "J’avais en tête de venir ici, de présenter mon texte aux Français et présenter la Calédonie à l’échelle nationale. Je ne pensais pas avoir un prix ! Mais quelle a été ma surprise quand j’ai appris que j’étais à la seconde place ! C’est une grande fierté, j’étais rempli d’une grande émotion", révèle Metre Lapacas. "Je reviens avec une très belle expérience, très enrichissante et puis, je me suis amusé !"