A Nouméa, la colère contre le sexisme s'affiche sur les murs. Depuis janvier 2021, un collectif de militantes féministes crée et colle de nuit, des séries de messages dénonçant les violences faites aux femmes.
"On veut des droits, pas des droites". Affichés en lettres rouges, sur feuilles blanches, les slogans de ce type sont nombreux, clairs et directs. Depuis quelques mois, les Nouméens ont pu croiser plusieurs messages comme ceux-là au détour des murs de la ville. A l'origine de ces collages : un collectif féministe, créé il y a quelques mois... "un outil efficace pour dénoncer les violences et tout le quotidien que subissent les femmes" indique l'une des militantes.
C’est notre quotidien, c’est la condition des femmes, avec tout ce que ça comporte de harcèlement de violence de dénigrement verbal, physique.
Ces femmes agissent anonymement, la nuit, pour coller leurs messages; une façon selon elles, de se réapproprier la rue, cet espace dans lequel elles ne se sentent pas toujours en sécurité. Via cette démarche, c’est leur engagement militant qui se matérialise. "Si ce n’est pas les femmes qui le font, si on attend les politiques, ça risque de prendre du temps, c’est bien qu’on puisse s’exprimer nous-mêmes et que l’on dise les choses comme on le pense."
Elles souhaitent également que les hommes se rendent comptent de ce qu'elles vivent au quotidien."Il faut être solidaire, on est là et on ne se taira pas face à ça"
Un collectif suivi sur les réseaux sociaux
Dans le collectif, elles sont une vingtaine. Mais sur les réseaux, près d’un millier de personnes, hommes et femmes, les suivent déjà. Grâce à leurs actions, elles espèrent créer un élan de sororité et fédérer autour de la cause du féminisme.
On reçoit énormément de soutien de femmes, d’ici, des îles, de partout en Nouvelle-Calédonie, qui nous expliquent ce qu’elles ont vécu, c’est une preuve de confiance et c’est très émouvant pour nous, elles nous disent merci elles se sentent moins seules.
De la farine et de l’eau pour faire office de colle, les affichages sont souvent éphémères, sur les murs rien ne dure, mais le but c’est que le message, lui, s’imprime, hors des feuilles, dans la tête de celles et ceux qui l’auront lu.
La Nouvelle-Calédonie enregistre les pires chiffres du territoire français, en terme de violences faites aux femmes. Selon un rapport du conseil économique, social et environnemental datant de 2017, 1 femme calédonienne sur 5 déclare avoir été victime de violences physiques par son conjoint ou ex-conjoint, au cours des douze derniers mois.
Le reportage de Laura Schintu.