Un projet de conservatoire botanique pour contrer la disparition du patrimoine naturel calédonien

En Nouvelle-Calédonie, 200 espèces sont en danger critique d’extinction. C’est quatre fois plus que dans l’Hexagone. Mieux coordonner les actions de prévention et de restauration est urgent, plaident des spécialistes. Cela pourrait être le rôle d’un conservatoire botanique.

La France compte douze conservatoires botaniques répartis dans l’Hexagone et en Outre-mer. Mais en Nouvelle-Calédonie, rien. Pourtant, 200 espèces sont en danger critique d’extinction. Il y en a cinquante répertoriées dans l’Hexagone. Soit quatre fois moins. Autre chiffre éloquent : 75% des milieux naturels originaux ont disparu.  

Beaucoup de choses sont faites mais de manière très éparpillée. Il manque une action coordonnée et des moyens à la hauteur des dommages.

Nicolas Rinck, biologiste

Pour protéger ceux qui restent et éviter d’autres disparitions, depuis 2008, un groupe de spécialistes milite pour la mise en place d’un conservatoire calédonien. Il permettrait de rendre les actions de prévention et de restauration plus efficaces. “Beaucoup de choses sont faites mais de manière très éparpillée. Il manque vraiment une action coordonnée et des moyens à la hauteur des dommages. L’environnement a été détruit à l’échelle industrielle”, souligne Nicolas Rinck, biologiste. “Pour y remédier, c’est à grande échelle qu’il faut agir. Un conservatoire permettrait de passer à la vitesse supérieure”, poursuit-il. 

Le reportage de Karine Arroyo et Franck Vergès lors de la restitution :

©nouvellecaledonie

Une première étape franchie début 2023

Un premier pas a été franchi début 2023 : l’Etat, via le ministère de la Transition écologique et l’Office français de la biodiversité, a débloqué une subvention permettant de financer une mission de préfiguration de trois ans. Les provinces ont participé. Objectif : poser les bases d’un conservatoire botanique. Nicolas Rinck en a été chargé. Des actions de terrain ont déjà pu être menées. Par Romain Barrière, botaniste professionnel, par exemple.  

Le reportage de David Sigal et Christian Favennec : 

©nouvellecaledonie
 

Plusieurs réunions ont également rassemblé le groupe de travail créé en 2008. Dedans, des associations, des passionnés de botanique, des chercheurs mais également des représentants des collectivités locales et de sociétés minières. La volonté politique semble donc être là. Ce sont les enchevêtrements de compétences qui auraient freiné la concrétisation du projet.

Verdict attendu en 2024

Ce mercredi, une nouvelle étape décisive doit avoir lieu avec la restitution de deux jours de séminaire au cours duquel le groupe a répertorié les enjeux, des leviers et des priorités. Ces réflexions vont servir de base à la rédaction d’une feuille de route qui doit être présentée au ministère de la Transition énergétique début 2024. Elle dessinera la stratégie envisagée par le conservatoire botanique calédonien pour les cinq ans à venir.

Si elle convainc l’Etat, l’existence du conservatoire sera actée et des fonds débloqués. Des fonds bien plus importants que l’actuelle subvention. Ils permettront à l’embryon de conservatoire de se structurer, d’embaucher des scientifiques, de financer du matériel ou encore des formations, décrit Nicolas Rinck. En résumé d’entrer dans une autre dimension. À la hauteur des enjeux.