Une enquête de l'Isee servira de base de données sur les violences intrafamiliales

L'enquête "Cadre de vie et sécurité" a été financée par le gouvernement, l'Etat et l'ISEE.
Le 3e comité de suivi du Grenelle des violences conjugales se déroulait mardi dans les locaux de la CPS. L'occasion pour l'Isee de dévoiler la partie centrée sur les violences intrafamiliales de l’enquête inédite "Cadre de vie et sécurité", qui s’intéresse aux violences au sens large dans la société calédonienne.

Alors que les violences intrafamiliales et conjugales font chaque jour - ou presque - l'actualité en Nouvelle-Calédonie, la seule source de statistiques en la matière est basée sur les dépôts de plainte.

Sauf que "dans le cas des violences intrafamiliales il y a une plainte dans un cas sur quatre, recense Olivier Fagnot, le directeur de l'Isee. Sur les violences psychologiques (dévalorisation, mépris, critique, menace ou pression) - les plus répandues -, on a 11 400 personnes qui ont déclaré avoir vécu ce type de situation, mais on a un dépôt de plainte qui est de l'ordre de 6 %." Si les victimes rapportent peu les faits aux autorités, elles sollicitent aussi peu les professionnels tels que les médecins, les psychologues, les travailleurs sociaux et les associations.

18% de la population se sent en insécurité chez soi

D’après l’étude, ce chiffre ne s’explique pas par la peur des représailles ou de ne pas être pris au sérieux par les autorités, mais plutôt par la volonté de ne pas exposer la situation au grand jour et d'éviter des épreuves supplémentaires. Dans neuf cas sur dix, la victime espère trouver une solution par elle-même. Cette enquête de l’Isee devrait être reconduite afin d’évaluer l’évolution de la situation.

"Il s'agissait avant tout de produire une base de référence, c'est à dire de mettre des statistiques sur des faits de société, le point zéro, poursuit Olivier Fagnot. L'idée c'est de la reproduire, avec une périodicité qui reste à définir, pour permettre au fil du temps d'établir l'impact des politiques publiques sur ces sujets."

17% des détenus du Camp Est sont impliqués dans des violences intrafamiliales

Yves Dupas, procureur de la République

Dans 9 cas sur 10, l’agresseur est un homme

Pour cette étude, les enquêteurs mandatés par l’Institut de la statistique et des études économiques se sont rendus sur l'ensemble du territoire. 6 000 ménages ont été interrogés l'an passé sur des actes s'étalant sur la période 2019-2020. "On se rend compte que les violences intrafamiliales, qu'elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques, sont très répandues en Calédonie. On estime qu'il y a 22 200 victimes, c'est à peu près un adulte sur huit. Et les femmes sont les principales victimes." 

Les premières conclusions de l’enquête de l'Isee "Cadre de vie et sécurité" sont déjà disponibles. Elle dresse un état des lieux des violences vécues par les Calédoniens dans leur quotidien (atteintes aux biens et aux personnes). Le volet sur les violences intrafamiliales en Nouvelle-Calédonie sera rendu public vendredi.