Le groupe Bernard Hayot pointé du doigt pour ses pratiques aux Antilles : qu'en est-il en Nouvelle-Calédonie ?

Un rayon d'hypermarché
"Marges exorbitantes, opacité financière, entorses à la concurrence..." Le groupe antillais Bernard Hayot est dans la tourmente après une enquête du journal "Libération". Qu’en est-il en Nouvelle-Calédonie, où la multinationale GBH a notamment des intérêts dans l'alimentation et l'automobile ?

C’est une multinationale aussi discrète que puissante en Outre-mer. Alors que le groupe Bernard Hayot (GBH) est pointé du doigt dans la crise sociale contre la vie chère aux Antilles, Libération a pu consulter des dizaines de documents internes à l'entreprise qui révèlent, entre autres, des "marges exorbitantes, une opacité financière, des entorses à la concurrence". 

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En Nouvelle-Calédonie, où il est implanté depuis 2005, le groupe martiniquais a des intérêts dans les pneumatiques, principalement avec Michelin, dont il est distributeur. Mais aussi dans l’automobile, avec Hyundai et Nissan, dont il a racheté les marques. L'entreprise produit également du béton. Elle détient aussi des boutiques de cosmétiques, de produits bio ou encore d’habillement avec l’enseigne Kiabi.

Une position dominante dans la grande distribution

Le groupe a surtout une position dominante dans le secteur de la grande distribution depuis l'acquisition, en 2011, des enseignes Géant, Casino et Leader Price. GBH n'est pas en situation de monopole, mais avant les émeutes de 2024 et la destruction de l’hypermarché Carrefour à Dumbéa, autre important acteur de la grande distribution, il détenait près de 60 % des parts de marché.

Des grandes surfaces qui sont régulièrement pointées du doigt, accusées de pratiquer des marges importantes et d'être responsables du niveau élevé des prix. L’écart des prix constaté entre la Nouvelle-Calédonie et l'Hexagone est de 78% sur les produits alimentaires, indiquait l’Autorité de la concurrence dans sa note économique de juin 2024 sur la réglementation des prix et des marges.

En revanche, difficile d'évaluer le poids de GBH dans l'économie calédonienne. La multinationale ne détaille pas ses marges réelles, ni ses bénéfices. Une opacité que la commission d’enquête parlementaire sur le coût de la vie dans les collectivités d'Outre-mer avait dénoncée en 2023. Elle avait estimé que la comptabilité du groupe Hayot ne permettait pas de faire la lumière sur les marges réalisées. 

Une sanction du gouvernement calédonien en 2012

Dans un communiqué, le groupe indique que dans la grande distribution alimentaire, ses "marges sont très comparables à celles pratiquées dans l’Hexagone". Le problème de la vie chère en Outre-mer serait lié à l’éloignement, au coût de transport notamment.

Selon le journaliste de Libération et ses interlocuteurs, il y aurait surtout des frais appliqués qui profiteraient à des entreprises intermédiaires, des filiales de GBH. Ainsi que des marges arrières, qui "reposent sur le fait d’exiger de ses fournisseurs des remises de prix en fin d’année pour objectifs atteints", anormalement hautes.

En 2012, le groupe Hayot avait d'ailleurs été sanctionné par le gouvernement calédonien pour avoir pratiqué abusivement des marges arrières sur certains produits, l’obligeant à payer une amende de 68 millions de francs à la Nouvelle-Calédonie. 

Contactée, l’Autorité de la concurrence indique qu'à ce jour, elle n'a prononcé aucune décision de sanction à l'encontre du groupe Hayot.

Retrouvez le sujet de Sheïma Riahi et Claude Lindor :

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