VIDEO. Crise en Nouvelle-Calédonie. Des entreprises à l'arrêt et une "économie qui s'écroule", selon le président de la fédération des industries

Un reportage d'Alix Madec et Claude Lindor. ©NC la 1ère
Les entreprises calédoniennes en grande difficulté. C’est le cas d’une biscuiterie et viennoiserie, située à Kaméré, à Nouméa. Elle a dû licencier ses neuf salariés et arrêter ses activités. Une situation qui touche de nombreuses sociétés, comme l'atteste Xavier Benoist, le président de la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie.

Jonathan Sarthou, pâtissier et chef d’entreprise, est désormais seul à exercer, dans son local situé à Kaméré, à Nouméa. Après huit ans d'activité, il a dû fermer au mois de mai à cause des émeutes. En juin, il n’a réalisé que 15 % de son chiffre d’affaires mensuel. Conséquence : il a licencié ses neuf salariés. "Tout le monde bossait là. Moi, j’apprenais aux gens à développer des compétences", explique-t-il en montrant son atelier. "Aujourd’hui, le problème, c’est l’accès à l'entreprise, en presqu'île de Ducos, et la complexité du couvre-feu. On essaye de reconstruire doucement", dit-il.

Avant la crise, son entreprise produisait 18 références de biscuits et de viennoiseries à destination des stations-services, cafés et snacks.

On doit se tuer à la tâche avant de de dire qu’on a échoué.

Jonathan Sarthou, gérant de Cake factory

Côté trésorerie, le chef d'entreprise, tente de "récupérer" ce que ses acheteurs lui doivent. Une tâche "compliquée". "On a la corde au cou. Si je dois fermer, c’est un crève-coeur. On doit se tuer à la tâche avant de de dire qu’on a échoué." Le chef d’entreprise a sollicité une aide de l’Etat, à hauteur de 900 000 francs. 

À 39 ans, le pâtissier tente désormais, par lui-même, de relancer l'activité. Un travail de longue haleine, qu’il effectue les volets entièrement fermés pour préserver sa sécurité. 

"On a une économie en train de s'écrouler"

Comme Jonathan Sarthou, pas moins de 70 % des entreprises adhérentes de la Fédération des industries de Nouvelle-Calédonie sont concernées. "On a une économie qui est en train de s’écrouler", lance Xavier Benoist, le président de la Finc, sans prendre de détour. "On a l’impression que c’est surtout le Grand Nouméa le plus touché. Mais l’écroulement de l’économie calédonienne est partout, dans le Nord, le Sud, les Îles, avec de grandes difficultés pour circuler dans les zones du territoire."

Pour le moment, le montant des dégâts n'est pas quantifiable, selon Xavier Benoist, car l'économie "est toujours en pleine crise." "On ne réfléchit pas à la reconstruction mais comment sauver le maximum de ce qu’on pourra sauver", ajoute-t-il. 

Remboursements et clause émeute

Pour le président de la Finc, la solution réside notamment dans un remboursement rapide de la part des assureurs afin de réinjecter de l'argent dans l'économie calédonienne. Autre problématique : la clause émeute, qui disparait des contrats des assureurs. "S’il n'y a plus de clause émeute, il n'y aura plus de prêt par les banques et, à ce moment-là, on est dans un cercle vicieux", explique Xavier Benoist. Enfin, les aides de l'Etat doivent être données aux entreprises " de manière rapide".

"On est dans un course contre la montre. Si on n’a pas réussi à stopper cette crise aujourd’hui et retourner la tendance, on va engager une crise sans précédent."

Xavier Benoist, président de la Finc

Moins de recettes fiscales

Depuis les émeutes, les entreprises n’ont plus les moyens de payer leurs charges sociales ni leur fiscalité. Conséquence : "la Nouvelle-Calédonie n'a plus de recettes fiscales", atteste Xavier Benoist qui ne se montre pas optimiste pour la suite. "Je pense qu’on n'est pas encore au creux de la vague. Les deux ou trois prochains mois, on va avoir une aggravation de la situation car on n’arrive pas à injecter de la trésorerie dans l’économie."

Mais pour le président de la Finc, l'un des principaux enjeux reste le "rétablissement de la sécurité" pour accéder aux entreprises. Et il appelle le gouvernement et l'Etat à ne pas "prendre de décisions inadaptées", telles que la mise en place de la taxe sucre ou l'interdiction de vente d'alcool. 

Une interview de Natacha Lassauce-Cognard