VIDEO. Dakata : l’endométriose, un tabou qui n’est pas une fatalité

Dakata : l'endométriose ©Imagin pour NC La 1ère
10% des femmes seraient atteintes d’endométriose, pour beaucoup sans le savoir. Découverte au XIXe siècle, cette maladie douloureuse et invalidante peut parfois conduire à l’infertilité, mais reste encore sous-diagnostiquée. Pourtant, des traitements existent.

Non, les douleurs pendant les règles ne sont pas "normales" et lorsqu’elles sont particulièrement importantes, l’endométriose doit être suspectée. Une idée qui commence tout juste à faire son chemin, bien que la maladie ait été identifiée dès 1860.

"Le problème c’est qu’on a dit pendant très longtemps à des femmes qui souffraient d’endométriose, que c’était des douleurs normales alors qu’elles avaient une pathologie. Du moment qu’il y a un retentissement scolaire, professionnel, des douleurs intenses - qui obligent par exemple à se coucher – doivent  évoquer le diagnostic d’endométriose", confirme le dr Olivier Garbin, gynécologue et chef de service au Médipole.

 

Cellules qui prolifèrent

 

L’endométriose est une inflammation qui touche l’endomètre, le tissu qui tapisse l’utérus et qui se renouvelle chaque mois. C’est ce tissu qui est évacué au moment des règles. En cas d’endométriose,  ce tissu peut se développer de manière anarchique hors de l’utérus.

"On peut en trouver sur la paroi derrière l’utérus, sur les ovaires, à l’intérieur des tissus, voire même dans les poumons", explique le dr Garbin qui tient tout de même à rassurer : "c’est une maladie douloureuse et invalidante, mais elle est bénigne."

Le traitement le plus courant est hormonal : la pilule contraceptive permet en effet de supprimer le processus de renouvellement de l’endomètre et donc de stopper les douleurs. Parfois, une intervention chirurgicale pour enlever les tissus responsables des douleurs est nécessaire. Dans les cas les plus sévères, l’ablation de l’utérus peut être envisagée.

 

Ne pas attendre que la douleur s’installe

 

Aujourd’hui, en complément des traitements, les femmes sont souvent orientées vers une consultation anti-douleur.  "On peut proposer de l’hypnose, de l’acupuncture, de la mésothérapie, énumère le dr Marie Lepoupet, chef de l’unité évaluation et traitement de la douleur au Médipole. Dans tous les cas, il faut consulter son médecin en cas de douleur intense pendant les règles. Car comme pour toutes les douleurs chroniques, plus la douleur s’installe, plus elle est difficile à traiter."

L’endométriose peut également avoir des conséquences sur la fertilité et là encore il est important de consulter le plus tôt possible. "On diagnostique encore souvent les femmes parce qu’elles essaient d’avoir un enfant et qu’elles n’y arrivent pas, note le dr Clotide Dechanet, gynécologue et coordinatrice du centre d’assistance à la procréation du Médipole. On peut proposer une fécondation in vitro, mais en cas de diagnostic précoce chez des femmes très jeunes, on peut alors procéder à la congélation d’ovocytes. Car dans certains cas, l’endométriose évolue et peut empêcher toute grossesse."

L’endométriose est aussi une problématique de société : 63 % des femmes qui en sont atteintes estiment que cela a un impact négatif sur leur travail ou leurs études, selon le dr Lepoupet. Un sujet  que le Conseil économique (Cese), social et environnemental a décidé de mettre sur la place publique. Le Cese a récemment émis un vœu pour que l’endométriose soit inscrite sur la liste des affections longues durées, afin de permettre une meilleure prise en charge.