Durant les douze derniers mois, une Calédonienne sur cinq a été physiquement agressée par son conjoint ou son ex-conjoint. Ce chiffre glaçant se trouve dans le rapport que le Conseil économique, social et environnemental a remis au gouvernement.
AFP et Valentin Deleforterie, avec F.T. •
Le rapport que le Cese a rendu mercredi au gouvernement d'Edouard Philippe fait la synthèse de plusieurs études antérieures. Ce qui met en exergue les différences entre la métropole et les outre-mer dans le domaine des violences conjugales.
19% des Calédoniennes violentées physiquement par leur conjoint
Un triste record est ainsi rappelé par le Conseil économique, social et environnemental. En Nouvelle-Calédonie, 19 % des femmes ont été victimes d'agressions physiques par leur conjoint, ou leur ex-conjoint, durant les douze derniers mois. Contre 2,3% des habitantes en Métropole. La proportion est quasiment décuplée! Gravité similaire en Polynésie française, où ce taux atteint 17%.
7,2% des Calédoniennes agressées sexuellement par leur conjoint
De même, 7,2% des habitantes de Nouvelle-Calédonie et 7% des résidentes de Polynésie française ont été victimes d'agressions sexuelles par leur conjoint au cours des douze derniers mois. C'est huit fois plus qu'en France métropolitaine, où ce taux s'élève à 0,8%.
Au moins 200 plaintes pour violences conjugales cette année
Le rapport pointe aussi du doigt la situation à Mayotte, où un cinquième des femmes déclare avoir été agressée physiquement au cours de leur vie. Plus d'une Mahoraise sur dix affirme également avoir été agressée sexuellement. La Réunion et la Martinique affichent en revanche des taux proches de celui de l'Hexagone.
Une réalité à regarder en face
«La réalité que décrit ce rapport doit être regardée en face : oui, le volume des violences faites aux femmes est plus important en outre-mer que dans l'Hexagone», a souligné la ministre des Outre-mer Annick Girardin lors de la remise du document, selon le discours transmis par ses services.
«L'insularité et l'éloignement»
Pour expliquer cette différence, le rapport souligne le rôle particulier de «l'insularité et l'éloignement». «Sur les îles d'outre-mer, les mesures d'éloignement sont par définition plus difficiles à appliquer. Les victimes et leurs agresseurs vivent en vase clos, tout le monde se connaît», a-t-elle précisé. L'écart s'expliquerait aussi par «l'insuffisance des structures d'accueil», qui participe à la difficulté de la prise en charge des victimes.
Des pistes concrètes
Un état auquel le rapport préconise de remédier grâce à des solutions concrètes : garantir la gratuité des soins psychologiques, «mieux doter les antennes du Planning familial», «déployer rapidement le dispositif "téléphone grave danger" déjà généralisé dans l'Hexagone»… Aux yeux du Cese, des améliorations sont aussi à mettre en oeuvre au sein de l'appareil judiciaire : il faudrait «développer des unités médico-judiciaires dans tous les outre-mer» et «renforcer les moyens consacrés à la justice pour éviter la "correctionnalisation" des viols».
Incomplet
Les statistiques de ce rapport ne sont toutefois pas complètes. On y retrouve peu d'informations sur la Guyane, la Guadeloupe ou encore la Martinique. Et certains territoires, comme Saint-Pierre-et-Miquelon ou Wallis et Futuna, n'ont pas été répertoriés.