"Ici on est quand même en France aussi ! Ce n’est pas normal que les enfants n’aillent pas à l’école" s’exclame Vincent Nathalie. Ce jeune père de famille de 2 enfants non scolarisés réside à Yawapa, l'un des villages de Trois Sauts.
Trois Sauts est le village le plus reculé de Guyane. Le territoire des amérindiens Wayapi à l’extrême sud en bordure du fleuve Oyapock, frontière avec le Brésil. Une localité hors du temps. 2 jours de pirogue depuis St Georges del 'Oyapock pour y accéder en cette période de l'année. Loin de tout, loin de l’éducation.
Sur le site de l'ancienne école, les vieux cahiers et les anciens cours jonchent le sol
L’école de Yawapa s’est effondrée voilà 2 ans. Depuis, tout est resté sur place. Le site est abandonné. Les 22 élèves de Yawapa n'ont plus classe.
Les parents d’élèves n’ont aucune information rappelle l'un d'entre eux, Vincent Nathalie.
Ça fait 2 ans maintenant que l’école est tombée. Les enfants ne vont plus à l’école, c’est difficile pour eux.
L’ecole est aussi fermée à Zidoc. C’est le village le plus peuplé de Trois Sauts. Aucun cours depuis la rentrée de Septembre. Chaises et bureaux sont stockés à l’extérieur des classes. Le temps des travaux s’éternisent. Mais pas d’autre choix : il y avait urgence : les écoles de Trois Sauts étaient toutes vétustes, dangereuses, envahies par les chauves-souris, vecteurs de maladie.
Comme tous les parents d’élèves de 3 Sauts, le chef du village Pina, René Maïpouri ne comprend pas pourquoi les enfants n’ont pas d’autres lieux où aller en classe.
« C’est important l’école pour les enfants » clame le chef du village Pina, René Maïpouri.
Ce n’est pas pour nous, c’est pour les enfants, juste pour qu’ils puissent rentrer à l’école. C’est important !
Au vu de l’urgence, la préfecture de Guyane accompagne la commune dans ce chantier. Shirine MESSAOUDI est la coordinatrice en charge des constructions scolaires. Les travaux sur des sites isolés comme à Trois Sauts représentent toujours des sommes colossales pour une municipalité.
Les communes cherchent des financements pour des projets comme ici les écoles. Sur ces sites isolés, le coût du transport, du matériel, c’est une logistique démesurée par rapport au littoral, à Cayenne. On est obligé d’apporter notre soutien. Les frais sont totalement démesurés.
Allez on va réviser les tables de multiplication! Sophie Usson, la directrice de l’école s'adresse à ses 4 élèves rassemblés autour d’elle. Sur les marches de l’école désaffectée, une leçon s’improvise avec le petit groupe d’élèves.
Un rendez-vous où l’enseignante donne des devoirs à faire à la maison. Elle fait maintenant cours comme elle le peut au gré de ses rencontres avec les enfants au village. Des conditions d’enseignement loin d’être satisfaisantes pour les enfants comme pour les enseignants.
On est obligé de faire comme ça. On n’a aucune structure qui nous permet de recevoir les enfants. De notre propre chef, on a essayé d’avoir quand même ce lien avec les élèves, d’aller vers eux, chez eux. Pouvoir avoir une espèce de continuité pédagogique en attendant qu’il y ait quelque chose d’officiel. Nous n’avons aucune communication concernant les travaux de l’école de Zidoc ou de Yawapa.
Combien de temps les 105 élèves de Zidoc et de Yawapa seront encore privés d’école ? Combien de temps dureront les travaux ? Aucune date ni aucune solution provisoire ne sont annoncées pour l'instant par la commune de Camopi.