Deux semaines après la visite du président Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie et de son discours place des Cocotiers à Nouméa, Philippe Gomès est revenu, à froid, sur l’événement. "Pour nous, ce qui est essentiel dans le discours du président, c'est la notion de consensus, expose l’élu. Un certain nombre a essayé de promouvoir un passage en force, sur le seul sujet le corps électoral. Cela n'a aucune chance d'aboutir. C'est une impasse locale et une impasse nationale, parce qu'on a besoin de la majorité des trois cinquièmes au Parlement pour modifier la Constitution de la République."
Sur l'avenir social et économique du pays
Concernant l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, Philippe Gomès estime que le non-institutionnel devra avoir une place centrale dans un futur grand accord. Avec une place importante pour le secteur du nickel. "Le nickel a été déclaré matériau stratégique par l'Union européenne, notre nickel peut fournir 85% des giga-compagnies nationales et en 2035, on ne pourra plus vendre une voiture qui n'est pas électrique, détaille le membre fondateur de Calédonie ensemble. Donc, on a tous les ingrédients pour une véritable révolution de notre filière, avec l'aide de l'Etat."
Autre "poteau" du futur accord, la réduction des inégalités. "On est le territoire de la République où les inégalités sont les plus fortes, estime Philippe Gomès. Comment voulez-vous vous que l'on construise un destin commun si une part importante de Calédoniens dans notre société d'aujourd'hui, considère qu'elle n'est pas prise en considération et qu'elle n'a pas sa place ? Le destin commun, c'est aussi une société où chacun estime qu'il y est intégré et respecté comme il doit l'être."
Discussions tripartites ?
Mais pour parler de ce futur accord, Calédonie ensemble espère la présence des indépendantistes autour de la table à Paris en septembre. "On a décidé de positiver, explique Philippe Gomès. Les indépendantistes ont décidé de venir à Paris, c'est une bonne chose. L'Union calédonienne demande uniquement des bilatérales, mais l'Uni et le Palika ont dit qu'ils étaient prêts à des trilatérales. C'est un autre point positif. On est dans une dynamique positive, même si un certain nombre traîne la claquette du côté de l'UC."
On est dans une dynamique positive, même si un certain nombre traîne la claquette du côté de l'UC.
Malgré tout, l'élu au Congrès met en garde contre toute perte de temps. "Les indépendantistes ne doivent pas jouer la montre. Il faut qu'ils fassent preuve de sens des responsabilités et de courage, comme leur a demandé le président de la République. Sans cela, l'Etat va devoir agir. Il ne peut pas rester en attente, et le président va devoir prendre des décisions si personne ne veut avancer."
Elections sénatoriales
Autre sujet, abordé dimanche soir, les élections sénatoriales. Pour l'instant, Calédonie ensemble n'a pas fait acte de candidature après le mandat de leur élu à Paris, Gérérd Poadja. "On a une rencontre citoyenne qui se tient jeudi soir à l'université, commente Philippe Gomès. On va y aborder le sujet. On aura ensuite une direction collégiale du parti, lundi prochain, pour décider de la ligne à tenir."
Ces deux candidats (Sonia Backès et Pierre Frogier NDRL) défendent une volonté de partition du pays.
Mais il fustige déjà les candidatures de Sonia Backès et de Pierre Frogier. "Ces deux candidats défendent une volonté de partition du pays. Pierre Frogier l'a défendue au Sénat, Sonia Backès parle, elle, d'hyperprovincialisation. Nous, on est pour une Calédonie une et indivisible. On ne peut pas imaginer un avenir avec d'un côté deux petites Kanaky (le Nord et les Îles) et une petite France (le Sud) de l'autre. Tous les exemples de partition dans le monde montrent que cela ne marche pas."
Autre grief contre ces candidatures, "c'est la première fois en cinquante ans qu'il n'y aura plus un Calédonien d'origine kanak qui siège au parlement. La sensibilité non-indépendantiste (...), c'est la diversité autant ethnique que géographique. Elle ne sera plus incarnée et ça aussi c'est une faute politique."