Piste longue : la question environnementale est un point de vigilance intégré par tous les acteurs

L'aéroport de Dzaoudzi-Pamandzi : l'une des pistes les courtes au monde, 1930 mètres. Un allongement est jugé nécessaire pour faire venir les gros porteurs et encourager le développement du secteur aéroportuaire à Mayotte

En séance plénière 2.0 lundi, le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte s’est planché sur l’avis de l’Autorité environnementale sur la piste longue.

Il y a quelques semaines, cet avis de l’Autorité environnementale avait fait couler beaucoup d’encre tant les prises de position de l’Autorité environnementale font de la question environnementale une priorité.

C’est en partant de cet avis tant décrié que le Conseil économique, social et environnemental (CESEM) a fait son analyse lors de la séance plénière de la structure lundi. Le CESEM souligne dès le départ qu’il est en faveur de cet outil indispensable au désenclavement de l’île et à son développement. Une infrastructure que les Mahorais appellent de leurs vœux depuis des décennies.

« Cet outil revêt un intérêt supérieur hautement stratégique pour le développement économique et touristique de Mayotte sur lequel le territoire ne saurait faire l’impasse. Disposer d’une piste longue participe également à la sécurité des habitants de Pamandzi, puisqu’elle permet de se soustraire des contraintes de survol au-dessus des habitations », explique le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte, présidé par son Abdou Dahalani.

 

 

Pour rappel dans son avis rendu en décembre dernier, plusieurs points étaient indexés par l’Autorité environnementale ; la pertinence même du projet était pointée du doigt, l’absence d’études réelles sur l’impact du projet par rapport à l’écosystème, la biodiversité de Mayotte. Une position fustigée par certains acteurs politiques et associatifs ; quant au contraire, les associations environnementales elles, se réjouissaient de voir que la question environnementale était enfin prise au sérieux et mis au centre de ce projet d’envergure. il en va de la protection du lagon et de la biodiversité mahoraise.

 

Dans son analyse, le Cesem balaie d’un revers de la main la position de l’Ae sur la portée économique du projet, expliquant en substance que c’est une question qui n’est pas du ressort de l’Ae. En revanche, concernant la question environnementale, le Cesem estime qu’elle constitue à ce stade

« des points de vigilance parfaitement intégrés par tous les acteurs en prise de près ou de loin à ce sujet. Nous sommes en effet tout autant bien conscients des multiples richesses naturelles de notre île que de la nécessité de protéger celles-ci, du fait de l’extrême fragilité de nos écosystèmes terrestres et marins ».

La structure plaide ainsi pour la mise en place d’un conseil scientifique de l’environnement, un outil qui permettra de mieux examiner tous les points environnementaux soulevés par l’institution dans son avis

« sans pour autant remettre en cause les intérêts supérieurs du territoire et de ses habitants », selon les membres du Cesem.

 

Il faut donc « un travail préparatoire de l'état initial de l'environnement sur la zone d'étude ; la mise en place d’un comité officiel de suivi des questions environnementales soulevées par l’Autorité environnementale ; la mise en place d’un Conseil scientifique de l'environnement sur la zone de d'étude, avec comme mission de pouvoir poser un regard impartial, indépendant, et de conseiller sur l’environnement et la biodiversité maritime et terrestre ».

Aussi, pour le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte, la construction de la piste longue n’est pas incompatible avec les enjeux environnementaux. Les deux peuvent se faire à condition que tous les sujets liés à l’aspect environnemental soient mis sur la table.