Ligne directe dresse le bilan de la situation des étudiants calédoniens dans l'hexagone un an après la mise en place du confinement. Arrivent-ils à revenir en Nouvelle-Calédonie ? Que vivent-ils sur place ?
Dépression, manque de moyens, difficultés quotidiennes, le Collectif des Néo Calédoniens bloqués dans le monde (crise COVID), dont Kira est la responsable, répertorie beaucoup de cas de détresse parmi les étudiants calédoniens en métropole.
Kira raconte avoir créé ce collectif suite à des difficultés à revenir elle-même en Nouvelle-Calédonie, et ce après avoir attrapé la Covid-19 en France et étant elle-même maman d'une étudiante. Elle avait pu constater ne pas être la seule à avoir des difficultés de communication avec les institutions ou la compagnie aérienne pour être rapatriée.
Le protocole de rapatriement est plutôt lourd, 23 pages de formulaire à remplir en ligne. Son collectif aide les étudiants qui sont très pris par leurs cours ou par différentes difficultés de la vie quotidienne : sans resto U parfois, peu de moyens ou encore enfermé dans des lieux de vie exigus avec des cours en viso-conférence.
Kira raconte l'histoire d'une étudiante qui avait un job alimentaire, job qui a disparu avec l'arrivée de la Covid-19. Elle s'est alors retrouvée sans ressources, à devoir manger aux Restos du coeur et sans électricité.
Le collectif
"On arrivait à avoir un fonctionnement qui commençait à bien tourner" souligne Kira, fonctionnement qui s'est arrêté avec le nouveau confinement en Nouvelle-Calédonie.
Son collectif compte 2000 membres, et le groupe d’étudiants calédoniens en métropole 4000.
Les étudiants prioritaires au rapatriement sont ceux qui ont trouvé un stage en Nouvelle-Calédonie (les entreprises jouent le jeu plus qu’en métropole). Mais il faut avoir une convention signée par les entreprises calédoniennes, le collectif parfois s'en charge.
La fin de l’année scolaire, juin-juillet, regroupe de nombreuses demandes de retour qui incluent les retours définitifs induisant une surcharge des avions.
Témoignage
Loa en 3ème année d’orthophonie à Lille témoigne. Elle a déménagé de Nouvelle-Calédonie en 2016 pour faire ses études, et donc la dernière fois qu'elle est rentrée au pays, c'était il y a trois ans. Alors qu'il lui reste deux ans d’études, elle voudrait rentrer pour se ressourcer et revoir sa famille et sortir de cette vague de Covid qui est très anxiogène. Avec sa mère, elles ont fait six demandes toutes rejetées.
Kira rajoute que certains étudiants sont prêts à partager leur chambre de quarantaine à plusieurs, car c'est un des freins à leur retour. Mais cela est refusé par la DASS, le rejet est souvent lié aussi au nombre de lits à l’hôpital.
Certains étudiants sont dans des situations précaires même si certains ne partagent pas leur détresse avec leurs parents pour ne pas les inquiéter. Le collectif fait un constat grave voire alarmant. "Cela fait un an qu’on demande une ligne d’accueil pour le soutien psychologique" s'indigne Kira. Elle conclut que c'est dommage qu'il y ait beaucoup d'abandons car les étudiants représentent l'avenir du pays, c'est ça qui est en jeu.