Payé pour garantir la paix sociale

La justice enquête sur des soupçons de corruption concernant Bill Ravel. Elle soupçonne l’entrepreneur calédonien d’avoir acheté un syndicaliste pour qu’il préserve la paix sociale dans ses entreprises.
125 000 euros. C’est le prix à payer pour s’assurer la tranquillité dans ses entreprises. C’est en tout cas que l’entrepreneur calédonien Bill Ravel aurait versé à un syndicaliste Cyril Le Gayic. En échange, ce leader de la CSIP (Confédération des syndicats indépendants) se serait engagé à ne pas organiser de mouvement social ou à lever les piquets le cas échéant.

Les deux hommes sont placés en détention provisoire depuis le 1er novembre, avec Gaston Tetuanui, collaborateur de Bill Ravel.

Les faits remontent à 2008. Les salariés de Petrocean, propriété de Bill Ravel sont en grève. Un de ses pétroliers, le "Maohi" ne peut accoster. Le mouvement dure 14 jours, la facture pour Ravel est élevée. Ce dernier s’entend alors avec Le Gayic. Le syndicaliste lui garantit qu’aucun mouvement social ne paralysera plus l’entreprise. Montant de cette paix sociale : 600 000 Fcp (environ 5 000 euros) par trimestre.

Les deux hommes ont assuré aux enquêteurs ne jamais s’être rencontrés, un troisième homme Gaston Tetuanui, le "frère de lait" de Le Gayic faisant office d’intermédiaire. Ce même Tetuanui que Le Gayic accuse d’avoir détourné une partie de l’argent versé par Ravel.

L’enquête est toujours en cours. La justice soupçonne également l’entrepreneur de fraude à la défiscalisation. Concernant l’affaire Le Gayic, il lui est reproché de s’être servi dans les caisses d’une de ses entreprises wallisienne pour corrompre le syndicaliste.