Depuis le début de l'année, les chauffeurs de taxi menacent d'organiser des opérations escargot qui ralentiraient la circulation sur l'île de Tahiti en guise de protestation. Si le pays a répondu favorablement à plusieurs de leurs demandes, le point principal bloque toujours, à savoir la réforme des transports touristiques. Ce texte permettrait en somme de réguler le nombre de licences professionnelles sur le territoire et empêcher les autres sociétés de transports d'empiéter sur l'activité des taxis.
La réglementation aurait été allégée "derrière notre dos" regrette Bob Carpentier, conseiller technique des syndicats de taxis des îles du Vent et des îles Sous-le-Vent. Après le covid et avec le retour en masse des touristes, 65 nouvelles licences professionnelles ont été octroyées. Les taxis sont aujourd'hui trop nombreux - d'autant que l'activité a de nouveau baissé - et les licences sont attribuées beaucoup trop facilement grâce à de simples "lettres de complaisance". Il s'agirait aujourd'hui de poursuivre le travail entamé en 2019 sur la loi de pays des transports touristiques afin de limiter ces octrois, et ce dès 2025.
Le porte-parole avait rendez-vous avec le ministre des Transports vendredi 20 décembre. Mais Jordy Chan n'aurait pas apporté de réponse satisfaisante.
On n'est pas d'accord sur le point essentiel : on veut qu'il démarre la réforme des transports touristiques en 2025 et lui, il a dit 'non, pour 2026'. Il préfère revoir la réforme des taxis pour 2025. On n'a pas compris pourquoi. L'urgence pour nous c'est la réforme des transports touristiques afin qu'on arrête de délivrer des licences en veux-tu en voilà pour qu'ils viennent nous concurrencer alors qu'ils n'ont pas le droit.
Bob Carpentier, conseiller technique de la coordination des syndicats de taxis des îles du Vent et des îles Sous-le-Vent
Des bouchons à prévoir
Cette fois, les chauffeurs vont donc mettre leur menace à exécution. "Entre 80 et 100" taxis défileront ce dimanche sur la côte ouest pour manifester leur mécontentement.
Le cortège partira à 9 heures de la mairie de Faaa vers les grottes de Maraa avant de faire demi-tour direction la présidence "juste pour montrer qu'on est nombreux et mobilisés. (...) Cela va créer un peu de bouchons c'est sûr mais ça ne sera pas une opération escargot comme promis. C'est pour ça aussi qu'on le fait un dimanche" précise Bob Carpentier. Les manifestants espèrent rencontrer Moetai Brotherson pour rediscuter de leurs revendications.
Un service minimum sera néanmoins assuré notamment à l'aéroport pour ne pas handicaper la population. En revanche, si aucune réponse positive n'est donnée d'ici janvier prochain, les chauffeurs de taxi comptent mener de vraies opérations "à la vitesse d'un escargot et aux heures de pointe."
Sur les autres points, le conseiller technique indique que le pays a "avancé". Ces travaux concernent notamment :
- la création d'une station à Taravao (en étude depuis 2015) avec assez de demande pour faire tourner une dizaine de licenciés,
- la suppression des "licences dormantes",
- davantage de places de stationnement dédiées aux taxis.
Selon Bob Carpentier, il y aurait 154 chauffeurs de taxi actifs sur le territoire.
Du côté du pays, le directeur de la DTT Lucien Pommiez estimait que la demande des chauffeurs de taxi n'était pas recevable : "on a des objectifs stratégiques en termes de transport de touristes, puisqu'on a des objectifs à terme d'avoir 600 000 touristes en Polynésie française, mais aussi d'avoir des taxis qui puissent répondre aux besoins des Polynésiens, pour se déplacer occasionnellement. Tout cela nécessite d'avoir une évolution du monde des transports. Et aujourd'hui la réglementation est claire, il n'y a pas de quota de taxis et il me semble que si ça devait être mis en place, il faudrait changer la réglementation en vigueur."