Taruia Krainer, un espoir à suivre

A 21 ans et avec une victoire sur Paris-Tours espoir, Taruia Krainer a fait une entrée remarquée dans la liste des espoirs à suivre. Portrait. 
Ce Tahitien qui a débuté le vélo chez lui à Tahiti espère gravir les échelons jusqu’au circuit professionnel.

Samuel Dumoulin, Thor Hushovd, Tom Boonen, ou plus récemment Tony Gallopin. Ces coureurs qui composent aujourd’hui le peloton ont tous inscrit leur nom au palmarès de Paris-Tours Espoirs. Taruia Krainer, jeune Tahitien, qui rêve de les rejoindre, ne pouvait pas prendre meilleur chemin en remportant dimanche dernier cette course. En franchissant la ligne en vainqueur, il s’est ouvert les portes de la gloire. Alors cette victoire, la première importante de sa jeune carrière, un tremplin vers la gloire ? "Un tremplin, je ne sais pas encore. On n’a pas parlé de mon intégration chez Europcar avec Jean-René (Bernaudeau, le directeur sportif, ndlr), mais ça me donne confiance", déclare-t-il.

Ce jeune homme d’1m82, fils de comptable et de caissière, a commencé le vélo à 13 ans sous l’impulsion d’un de ses oncles. "A Tahiti, le sport numéro 1 c’est la pirogue. On compte une trentaine de coureurs en sénior, seulement 15 en cadet, donc on a vite fait le tour", assure-t-il. Si en minime, le succès n’est pas au rendez-vous, il survole la catégorie supérieure l’année suivante. "J’ai continué à progresser, peut-être parce que je m’entraînais avec les seniors", avance le natif de Papeete. Très vite, les routes de Tahiti deviennent trop étroites pour lui. "J’avais envie de progresser, mes parents ont accepté que j’aille dans l’Hexagone", raconte-t-il.

Langue et climat


En 2007, avec un ami, Adrien Bernarda, "un Alsacien qui vivait à Tahiti", il décide de se lancer dans l’aventure. Teruia commence à démarcher les clubs par internet. "Au départ, je souhaitais aller à Nice pour le soleil, je n’aime pas le froid, mais la vie était trop chère, puis on m’a parlé de la Bretagne, qui est la terre du vélo". Les deux amis débarquent donc à Saint-Brieuc, découvrent le lycée Sacrée Cœur et l’UC Briochinne. "La première et la deuxième année ont été très dures à cause du froid, l’acclimatation était compliquée. En plus, il y avait la barrière de la langue, les gens ne me comprenaient pas trop. Ca m’énervait, mais je devais m’adapter".

Dans ces moments-là, le vélo le fait tenir. "Dès que je pédalais, je prenais du plaisir, je ne pensais pas trop à ma famille, je voulais réussir". Finalement, les coups de déprime ne sont pas si nombreux et désormais, il n’a plus de mal à se faire comprendre.

En juin 2008, il signe son premier coup d’éclat, une deuxième place au tour du Morbihan junior, derrière le champion du monde Johan Le Bon. Un podium qui lui ouvre les portes du pôle espoir. Durant les trois années qu’il passe au sein du pôle, les blessures gênent sa progression, jusqu’à son arrivée chez Vendée U.

Tour de l’amitié et Henri Sanier


Taruia qui ne rentre que rarement chez lui ne rate pas le Tour de l’amitié qui se déroule chaque année sur son île de Tahiti. En 2010, il y rencontre le journaliste de France Télévisions Henri Sanier qui va jouer un rôle dans l’orientation de sa carrière. "Il connaissait Jean-René Bernaudeau et lui a parlé de moi, explique-t-il, ensuite Jean-René m’a appelé pour me proposer d’intégrer Vendée U (l’antichambre espoir de l’équipe Europcar, ndlr), mais je m’étais déjà engagé un an de plus avec l’UC Briochinne".

Son arrivée en Vendée attendra donc une année de plus et en 2011, il intègre enfin Vendée U, avec laquelle il connaît ses premiers succès et notamment le Tour de l’amitié, "devant ma famille, ils étaient fiers de moi", et donc Paris-Tours Espoirs.

Cette victoire lui a fait un bien fou. "Je n’ai pas confiance en moi, j’arrivais dans le club donc au début je devais travailler pour l’équipe. Si je ne gagnais pas cette année, ça n’aurait pas été grave". S’il se laisse encore deux ans avant d’intégrer Europcar, il a donc terminé sa saison sur ce succès.

"J’ai trois semaines de coupure donc je vais en profiter". Pas de surf malheureusement qu’il pratique lorsqu’il rentre à Tahiti, mais l’école, lui qui est en deuxième année de BTS au lycée technique de La-Roche-sur-Yon. "Je ne sais pas trop ce que je veux faire, on verra, mais j’espère surtout que ça va marcher dans le vélo", conclut-il.