La Polynésie perd en moyenne 5000 touristes chaque année depuis 2004

Un rapport  de la chambre territoriale des comptes dresse un bilan accablant de la gestion de l'activité touristique en Polynésie de 2004 à 2012.
Les projets ne manquent pas mais souffrent d'une véritable stratégie de développement.
La Polynésie accueillait 212 00 touristes en 2004, elle n'en a plus reçu que 169 000 en 2012.
Cette érosion constante de la fréquentation touristique,  43 000 visiteurs de moins en seulement 9 ans, s'explique en partie par une gestion non structurée et "l'absence de véritable stratégie" de la part des gouvernements successifs note dans un rapport sans concessions la Chambre Territoriale des Comptes .
Conséquence de cette fréquentation en berne, l'activité touristique pourtant toujours première industrie du pays, a généré 34 milliards CFP de recettes en 2011 contre plus de 41 milliards CFP en 2004.
De nombreux projets existent et ont fait l'objet de coûteuses études d'impact sans jamais sortir de terre à l'image du mémorial de l'armée US à Bora Bora, d'un planétarium; du village du Pacifique ou d'un centre de congrès pour tourisme d'affaire. Parallèlement, d'innombrables études de marché ont été financées sans qu'aucune ne soit réellement prise en compte comme le note la CTC déplorant ainsi qu' "aucun des documents élaborés n'a fait l'objet de réelle validation et encore moins de mise en application".

Développer les niches porteuses

Certaines niches pourtant jugées porteuses : plongée sous marine, tourisme culturel, randonnées en montagne ne sont quant à elles que peu ou pas exploitées du tout. Pire, certains secteurs ont bénéficié de financement abondant : promotion de la Polynésie à Las Vegas et à l'exposition universelle de Shanghai, campagne de promotion de mariages traditionnels et n'ont absolument pas atteint leurs objectifs. Idem pour la défiscalisation hôtelière et l'investissement dans le tourisme de croisière : plusieurs importantes unités hôtelières ayant même fermé à Bora Bora  et à Tahiti  notamment à l'image du Sheraton de Faa'a ou du Sofitel Maeva beach l'an dernier.
Le GIE Tahiti tourisme et le service du tourisme sont également épinglés. Le rapport considère que leurs missions ont parfois tendance à se recouper. La CTC estime par ailleurs que le rendement n'est pas à la hauteur de l'investissement.  Un million de francs pacifiques dépensés par le GIE en promotions diverses ne rapporterait qu'une centaine de touristes contre plus de 1200 à Hawaii à investissement équivalent. La CTC souligne également que le gouvernement exerce une véritable forme de tutelle sur le GIE, structure à caractère privé.

un plan de développement pluri annuel

Afin d'inverser la tendance, la Chambre Territoriale des Comptes livre un certain nombre de préconisations à commencer par la mise en oeuvre d'un plan de développement global et structuré sur plusieurs années. Elle propose aussi la mise en place de tableaux de bords centralisés permettant un suivi régulier des actions entreprises et une collecte d'enquêtes de satisfaction élaborées. Elle penche pour une clarification des rôles du GIE Tahiti tourisme et du service du tourisme et suggère la création de labels de qualité dans tous les secteurs de l'activité touristique.
Autant de pistes à même de nourrir la réflexion des 10 agents du GIE Tahiti tourisme en charge de l'étranger actuellement en séminaire à Papeete afin de définir les priorités et les orientations de la politique de promotion du secteur pour les années à venir.