Epidémies : pourquoi les chiffres oscillent entre 1000 et 10000 cas

Dengue, zika : le dernier bulletin publié par l'Institut de veille sanitaire, le 29 Novembre faisait état respectivement de 1116 et 2500 cas. Dans le même temps, les épidémiologistes évoquent régulièrement des chiffres dix fois supérieurs. Alors bug informatique ou statistiques différentes ?
Pour Anne-Laure BERRY, épidémiologiste au Bureau de veille sanitaire de Polynésie Française, les chiffres ne sont pas contradictoires: "il ne faut pas mélanger les cas biologiques confirmés avec les estimations effectuées par notre réseau sentinelle de médecins". Ceux-ci sont une trentaine sur le territoire, et permettent d'extrapoler le nombre de cas depuis le début de l'épidémie. Lorsque le bulletin fait état de 1116 cas prouvés et que les scientifiques avancent 10000 malades au total, ils s'appuient sur un coefficient, le "facteur 10", qui tient lui même compte du nombre de médecins et de celui de consultations.

En clair poursuit Anne Laure BERRY, "tous les malades ne vont pas forcément consulter, et toutes les consultations positives ne sont pas forcément signalées au bureau de veille sanitaire". Le "facteur 10" comprend donc un taux d'imprécision, c'est un ordre de grandeur, d'autant que pour le Zika, "il s'agit à l'origine de cas suspects et non prouvés biologiquement, à la différence de la dengue".

Normalement, ces statistiques les plus gonflées: 10 000 cas de dengue et 25 000 cas de zika, apparaissent en fin de période épidémique, lorsque toutes les données ont été regroupées. "C'était le cas en 2006 avec 2262 cas de dengue confirmés pour 17 000 cas estimés, en 2009 on est passé à 2473 cas confirmés pour 25 000 estimés". Il ne suffit donc pas de prendre la calculette et de multiplier par 10 pour mesurer l'impact direct de la maladie sur la population.