La France vient en aide aux Iles Tonga

Près de 70% des bâtiments détruits aux Iles Tonga par le cyclone Ian
La France, depuis sa collectivité de Nouvelle-Calédonie, se mobilise en faveur des populations sinistrées par le cyclone Ian, qui a frappé les îles du Nord de Tonga le week-end dernier, faisant au moins une victime et des milliers de déplacés. La catastrophe engendre une vague de solidarité dans tout le Pacifique.
Vendredi, un avion CASA des forces armées française basées en Nouvelle-Calédonie doit décoller dans la matinée pour Tonga, avec à son bord du matériel et des équipes d’urgence. Seront à bord l’attaché de défense non-résident (basé à Nouméa) pour Tonga, le Lieutenant-colonel Arnaud Bouyssou. Ce dernier accompagne une équipe (un médecin militaire et des spécialistes en logistique, maintenance, chargement des aéronefs). Ils sont chargés d'évaluer sur place la situation post-cyclone.

La destination annoncée est celle de l’île de Lifuka, qui fait partie du groupe des îles Ha’apai (Nord de Tonga), région la plus durement touchée par le cyclone Ian. Rappelons qu'il fut classé en cyclone de catégorie 5 (gradation maximale sur cette échelle de mesure de la puissance des cyclones), lors de son passage le samedi 11 janvier 2014.

L’intervention française se place dans le cadre de l’accord « FRANZ » (France/Australie/Nouvelle-Zélande), qui, depuis fin 1992, vise à coordonner les moyens militaires déployés par ces trois pays, des moyens consacrés à des opérations humanitaires en faveur des populations des pays de la zone frappés par des catastrophes naturelles.


Le Casa en action

Comme lors de plusieurs interventions précédentes menées depuis la Nouvelle-Calédonie en faveur de pays touchés par de précédents cyclones (pour exemple mi-décembre 2012 le cyclone Evan avait frappé Fidji et Samoa, faisant une douzaine de victimes et d’énormes dégâts matériels), le vecteur retenu est l’avion CASA, en raison de sa capacité à se poser sur des pistes relativement courtes et non praticables par des appareils de type Hercule ou Orion utilisés par l’armée australienne et néo-zélandaise.

« Parmi les aéronefs mis en œuvre par les partenaires FRANZ, le CASA est l'appareil adapté aux pistes d'atterrissage relativement courtes de ces petites îles. Il permettra ainsi d’acheminer l’aide apportée par la Nouvelle-Zélande sur la capitale vers l’archipel dévasté ainsi que le matériel de la Croix-Rouge. Cette opération est co-financée par l’État, le Gouvernement et le Congrès de la Nouvelle-Calédonie avec l’appui matériel de la Croix-Rouge française et des Forces armées de Nouvelle-Calédonie, et ce en liaison avec l’Ambassade de France à Suva – qui couvre également le Royaume des Tonga », précise le Haut-commissariat depuis Nouméa dans un communiqué.


Solidarité Polynésienne

Toujours dans le Pacifique français, la situation laissée par le cyclone Ian à Tonga, a aussi suscité à Papeete  un message de « soutien » et de « solidarité » de la part du Président Gaston Flosse. « Le Président de la Polynésie française, Gaston Flosse, et l’ensemble de son Gouvernement, tiennent à exprimer leur soutien et leur solidarité à la population de Tonga, suite au passage du cyclone Ian, qui a récemment dévasté cet archipel polynésien. Ce phénomène météorologique a été le plus puissant cyclone à avoir jamais frappé Tonga, avec des vents soufflant à plus de 200 Km/h qui ont balayé, à la fin de la semaine dernière, les côtes des îles Ha’apai(…) À la fois en tant que Président de la Polynésie française, mais aussi en tant que Président du Groupe des Leaders Polynésiens, Gaston Flosse exprime toute sa sympathie et sa solidarité avec les familles des sinistrés et le peuple tongien », précise un communiqué soulignant les termes contenus dans une lettre adressée au Premier ministre de Tonga, Lord Tu’ivakano, « pour l’assurer de l’amitié et du soutien de la Polynésie française dans cette difficile épreuve ».

Quasi-simultanément, la Nouvelle-Zélande, d’où est partie la grande majorité des opérations de solidarité en faveur de Tonga, depuis le début de la semaine, annoncé par la voix de son ministre des affaires étrangères Murray McCully, une rallonge significative de ses fonds d’urgence. Des 50.000 dollars (NZ) annoncés initialement, cette enveloppe décuple et passe à 500.000 dollars, a annoncé le chef de la diplomatie néo-zélandaise. Ces nouveaux fonds interviennent à la demande du gouvernement tongien. Ils seront consacrés à l’achat de trois cent nouveaux kits d’urgence, afin de permettre à au moins deux mille Tongiens déplacés de s’abriter. Une autre partie de ces fonds devrait être mise à profit pour acheminer de l’eau potable sur les îles Ha’apai, où la situation sanitaire continue d’inquiéter. Le reste des fonds, environ 300.000 dollars, devrait aller aux ONG mobilisées sur le terrain depuis le début de la crise et qui ont besoin de refaire leurs stocks prépositionnés et d’ores et déjà mobilisés.

Ce matériel d’urgence devait lui aussi être acheminé vendredi, d’abord à Nuku’alofa, à bord d’un avion militaire gros porteur Hercule C-130. L’Australie, pour sa part, annonçait en début de semaine une enveloppe d’urgence de 50.000 de ses dollars.


Des dégâts considérables

Jeudi, le bureau de coordination de l’aide humanitaire des Nations-Unies, (OCHA, basé à Suva, Fidji) dans son dernier rapport de situation concernant les suites du passage du cyclone Ian à Tonga, évoquait toujours des milliers de sans-abri (plus de la moitié des huit mille habitants de cette région) et un taux de destruction dépassant les 50% (et d’endommagement à des degrés divers frisant les 100%) pour les maisons et infrastructures dans les îles Ha’apai.
Sur les 17 écoles primaires de cette région, 13 sont endommagées, alors que l’archipel s’apprête à donner le coup d’envoi de la rentrée scolaire 2014. Une grande partie des clôtures vivrières a aussi été fortement endommagée par les vents, mais aussi par l’eau de mer.

Plusieurs ONGs comme la Croix Rouge, Oxfam ou encore Caritas, sont sur place depuis le début de la semaine pour prêter main forte aux autorités. 

Le réseau de télécommunications mobiles Digicel, pour sa part, annonçait aujourd'hui le rétablissement complet de son réseau dans les zones affectées, notamment grâce à l’installation, pour les usagers de téléphones mobiles, de stations solaires de recharge des batteries des appareils. Les abonnés ont aussi reçu des crédits exceptionnels sur leur compte afin de leur permettre d’appeler leurs familles, sur d’autres îles. En Nouvelle-Zélande, l’importante communauté tongienne expatriée et résidant principalement à Auckland et dans sa région, a aussi décidé de mener sa propre opération de solidarité en déplorant les réticences du gouvernement tongien à faire appel à l’aide internationale. Ces efforts s’appuient sur le déblocage d’un fonds de solidarité par la municipalité d’Auckland et devaient déboucher sur l’envoi de chargement de matériel de première urgence pour les sinistrés.Le comité tongien de Nouvelle-Zélande a aussi lancé un appel à donations et des concerts de charité dont les recettes seront reversées aux victimes.


Un autre phénomène inquiète

Depuis le milieu de la semaine, par ailleurs, une zone dépressionnaire située entre la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les îles Salomon est surveillée de près par les prévisionnistes, qui redoutent qu’elle évolue pour se transformer en un nouveau cyclone.

Cette possibilité fait encore l’objet de divergences chez les prévisionnistes, dont certains (comme le centre d’alerte cyclonique de la marine américaine, basé à Pearl Harbour, Hawaii) estiment que la probabilité est « basse », alors que d’autres (comme le centre régional de Nadi, Fidji) parlent de « haute ». Cette zone, avec des vents estimés en son centre à moins de 50km/h, charrie d’ores et déjà des perturbations qui touchent les îles Salomon et Fidji. Selon sa trajectoire actuelle, ce phénomène pourrait d’ici la fin de la semaine concerner la zone de vigilance de la Nouvelle-Calédonie.

Source: flash d'océanie

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Images des dégâts du cyclone Ian aux Iles Tonga