3 290 jeunes ont participé à la première journée dédiée aux scolaires à la Maison de la Culture à l'occasion du 14e Fifo. Une journée ludique et parfois poignante pour les étudiants. Entre rires, larmes et incompréhension, difficile parfois pour les scolaires de traduire leurs émotions et ressentis.
•
Erodia, lycéenne en seconde à Papara est peut-être le condensé de cette panoplie d'émotions : “J'ai vu le film “La tribu de l'invisible” et j'avoue que je ne m'attendais pas du tout à voir la Nouvelle-Calédonie comme cela. J'ai découvert une autre culture avec des trucs qui n'existent pas, avec l'invisible. C'était dur de concevoir pour moi cette histoire. C'était dur de partir dans ce monde complètement imaginaire pour moi. Je ne crois pas aux êtres invisibles donc, voilà, pas facile. Mais j'ai tout de même aimé.
J'ai aussi vu le film “Mobilité Québec, les défis de Leila”. Et j'avoue que cela ne m'a pas donné du tout envie de partir faire mes études à l'étranger, quand je vois comment c'est dur. Et je suis trop attachée au fenua pour partir loin d'ici. Mais tant mieux, si ça donne envie aux jeunes de partir. Moi j'ai trop peur.”
Difficile de se projeter dans ce monde de l'invisible fait de lutins, de cailloux magiques, un monde construit sur le dos d'un lézard, ou dans ce grand pays qu'est le Québec.
Une claque émotionnelle, pour ces jeunes spectateurs tiraillés entre le monde moderne et le monde traditionnel. “C'est pour cela que j'ai beaucoup aimé le film “Mele Murals”. J'ai aimé ce côté de la culture hawaiienne que je ne connais pas. J'ai apprécié ce mélange de modernité et de culture. C'était important pour moi. Déjà ça parle de graffitis. D'un côté, ça nous attire, nous les jeunes. Je connaissais les graffitis, on en voit partout, mais là, j'ai aussi appris l'histoire du graffiti. Je trouve ça bien. Mais surtout, ils racontent leurs coutumes, leurs légendes avec des graffitis. Ça m'a donné envie de faire ça à notre collège, de retracer un peu notre histoire. C'était vraiment enrichissant. J'ai vraiment tout aimé dans ce film, les images mais aussi l'histoire et les légendes qui y sont racontées. Ça m'a donné envie quelque part de mieux connaître ma culture, la culture tahitienne.”
C'est aussi ça la magie du FIFO : bouleverser, déranger, apprendre, être riche d'une autre culture, se doter d'une nouvelle perception du monde et de l'Océanie. Les élèves de tout âge ont bien intégré le concept.
Hauura en 1ère MEI à Saint-Joseph, les yeux émerveillés, raconte : “C'est sûr que pour nous, cela nous fait une journée en dehors de l'école. C'est ce qu'on aime avant tout. Mais quand on arrive, on n'est pas vraiment pareil que lorsqu’on reprend le bus pour le lycée”.
Pour Hauura, le FIFO, c'est une manière de s'ouvrir à d'autres univers et découvrir de nouveaux horizons. Mais au delà de la découverte, il s'agit également de la réappropriation de sa propre histoire et de son pays. Hauura de conclure : “Cela permet de refaire vivre notre culture et tout. C'est important. Là, c'était un film sur le tapa, et moi je viens des Australes, et on prépare exactement de la même manière le tapa. C'était beau de voir ça sur grand écran. C'est une fierté quelque part.”
Une fierté partagée par sa professeure de Lettres et d'Histoire, Laurence. “Nous les avons amenés pour voir une projection sur le tapa. C'était pour leur montrer l'importance de leur culture et pour pouvoir la préserver. Pour l'instant, les avis sur “Paroles de tapa” sont mitigés. Il y en a qui sont plus attachés à leur culture et d'autres qui s'en écartent un peu. C'est une découverte pour certains. Ce n'est pas toujours évident. D'autres sont plus réceptifs que certains. Mais si quelques-uns sont réceptifs, c'est déjà gagné”, sourit Laurence.
François, éducateur spécialisé au centre Papa nui, a accompagné 20 enfants à cette journée des scolaires. Une journée importante pour ces jeunes et moins jeunes atteints de maladie ou d’un handicap.
“Le FIFO, on y vient tous les ans. Cela fait partie du programme qui est de développer la culture générale et l'éducation au sens large. Nous essayons de les intéresser à pas mal de choses. Nous avons vu « Le Va'a dans les veines », car on recommence le va'a cette année et nous participons aux championnats du monde en para va'a. Nous avons un équipage. Et c'était important pour eux de se remettre dans le bain.
Evidemment, le second documentaire « Alors on danse », est un film qui les concerne directement puisqu'il s'agit d'enfants de la Frat' qui ont comme eux un handicap.
Tout le monde je pense a été scotché. Aujourd'hui, ils sont en âge de comprendre et nous essayons aussi de leur faire comprendre que ça parle de leur île.”
Le sourire jusqu'aux oreilles, les jeunes du centre sont sortis ravi de la projection. “On a vraiment aimé. Peut-être que les gens ne nous regarderons plus de la même façon”, a lâché un jeune homme.
C'est bien là, le message qu'a souhaité faire passer Jacques Navarro-Rovira, le réalisateur. A la suite de la diffusion sur grand écran du documentaire, il a eu l'occasion d'échanger avec les élèves. “C'est plus qu'un film, c'est une cause”, a lancé Jacques Navarro-Rovira. “Les personnes handicapées sont plus fortes qu'on ne le croit. Ils ont une force que l'on n'a pas. Comme disait Tuarii dans le film : “Il y en a qui sont valides mais qui sont handicapés dans la tête et dans leur coeur”.
Si quelques moqueries des élèves se sont fait sentir durant les premières minutes, presque tous ont porté un autre regard sur le handicap à la sortie du petit théâtre. “C'était dérangeant au début. Et pourtant on a presque tous dans nos familles quelqu'un avec un handicap. Mais quand on connaît pas, et bien ça fait peur. Après ce film, ça m'a moins donné envie de rire, mais de comprendre”, confie Tauhiti du lycée de Taaone.
Au final, dix films sélectionnés et adaptés aux scolaires ont été projetés durant toute la journée de lundi 6 février, abordant ainsi différents thèmes comme la beauté avec “Beauté fatale”, un film wallisien ou encore « Zach's ceremony », relatant l'histoire d'un métis aborigène en quête d'identité. Beauté et recherche identitaire, deux thèmes qui n'ont pas manqué de toucher les scolaires.
J'ai aussi vu le film “Mobilité Québec, les défis de Leila”. Et j'avoue que cela ne m'a pas donné du tout envie de partir faire mes études à l'étranger, quand je vois comment c'est dur. Et je suis trop attachée au fenua pour partir loin d'ici. Mais tant mieux, si ça donne envie aux jeunes de partir. Moi j'ai trop peur.”
Difficile de se projeter dans ce monde de l'invisible fait de lutins, de cailloux magiques, un monde construit sur le dos d'un lézard, ou dans ce grand pays qu'est le Québec.
Entre modernité et tradition
C’est un grand écart visuel et culturel dont les scolaires sont ressortis grandis. A la sortie de la projection de “Mele Murals”, Terani, élève en 3e au collège Aorai avoue “en avoir pris plein les yeux”.Une claque émotionnelle, pour ces jeunes spectateurs tiraillés entre le monde moderne et le monde traditionnel. “C'est pour cela que j'ai beaucoup aimé le film “Mele Murals”. J'ai aimé ce côté de la culture hawaiienne que je ne connais pas. J'ai apprécié ce mélange de modernité et de culture. C'était important pour moi. Déjà ça parle de graffitis. D'un côté, ça nous attire, nous les jeunes. Je connaissais les graffitis, on en voit partout, mais là, j'ai aussi appris l'histoire du graffiti. Je trouve ça bien. Mais surtout, ils racontent leurs coutumes, leurs légendes avec des graffitis. Ça m'a donné envie de faire ça à notre collège, de retracer un peu notre histoire. C'était vraiment enrichissant. J'ai vraiment tout aimé dans ce film, les images mais aussi l'histoire et les légendes qui y sont racontées. Ça m'a donné envie quelque part de mieux connaître ma culture, la culture tahitienne.”
C'est aussi ça la magie du FIFO : bouleverser, déranger, apprendre, être riche d'une autre culture, se doter d'une nouvelle perception du monde et de l'Océanie. Les élèves de tout âge ont bien intégré le concept.
Hauura en 1ère MEI à Saint-Joseph, les yeux émerveillés, raconte : “C'est sûr que pour nous, cela nous fait une journée en dehors de l'école. C'est ce qu'on aime avant tout. Mais quand on arrive, on n'est pas vraiment pareil que lorsqu’on reprend le bus pour le lycée”.
Pour Hauura, le FIFO, c'est une manière de s'ouvrir à d'autres univers et découvrir de nouveaux horizons. Mais au delà de la découverte, il s'agit également de la réappropriation de sa propre histoire et de son pays. Hauura de conclure : “Cela permet de refaire vivre notre culture et tout. C'est important. Là, c'était un film sur le tapa, et moi je viens des Australes, et on prépare exactement de la même manière le tapa. C'était beau de voir ça sur grand écran. C'est une fierté quelque part.”
Une fierté partagée par sa professeure de Lettres et d'Histoire, Laurence. “Nous les avons amenés pour voir une projection sur le tapa. C'était pour leur montrer l'importance de leur culture et pour pouvoir la préserver. Pour l'instant, les avis sur “Paroles de tapa” sont mitigés. Il y en a qui sont plus attachés à leur culture et d'autres qui s'en écartent un peu. C'est une découverte pour certains. Ce n'est pas toujours évident. D'autres sont plus réceptifs que certains. Mais si quelques-uns sont réceptifs, c'est déjà gagné”, sourit Laurence.
Un autre regard sur la Polynésie : du va'a au handicap
De l'art du graffiti au tapa, cette étoffe océanienne faite d'écorce battue, les élèves ont également pu voguer avec “Le va'a dans les veines” ou encore danser avec “Alors on danse”.François, éducateur spécialisé au centre Papa nui, a accompagné 20 enfants à cette journée des scolaires. Une journée importante pour ces jeunes et moins jeunes atteints de maladie ou d’un handicap.
“Le FIFO, on y vient tous les ans. Cela fait partie du programme qui est de développer la culture générale et l'éducation au sens large. Nous essayons de les intéresser à pas mal de choses. Nous avons vu « Le Va'a dans les veines », car on recommence le va'a cette année et nous participons aux championnats du monde en para va'a. Nous avons un équipage. Et c'était important pour eux de se remettre dans le bain.
Evidemment, le second documentaire « Alors on danse », est un film qui les concerne directement puisqu'il s'agit d'enfants de la Frat' qui ont comme eux un handicap.
Tout le monde je pense a été scotché. Aujourd'hui, ils sont en âge de comprendre et nous essayons aussi de leur faire comprendre que ça parle de leur île.”
Le sourire jusqu'aux oreilles, les jeunes du centre sont sortis ravi de la projection. “On a vraiment aimé. Peut-être que les gens ne nous regarderons plus de la même façon”, a lâché un jeune homme.
C'est bien là, le message qu'a souhaité faire passer Jacques Navarro-Rovira, le réalisateur. A la suite de la diffusion sur grand écran du documentaire, il a eu l'occasion d'échanger avec les élèves. “C'est plus qu'un film, c'est une cause”, a lancé Jacques Navarro-Rovira. “Les personnes handicapées sont plus fortes qu'on ne le croit. Ils ont une force que l'on n'a pas. Comme disait Tuarii dans le film : “Il y en a qui sont valides mais qui sont handicapés dans la tête et dans leur coeur”.
Si quelques moqueries des élèves se sont fait sentir durant les premières minutes, presque tous ont porté un autre regard sur le handicap à la sortie du petit théâtre. “C'était dérangeant au début. Et pourtant on a presque tous dans nos familles quelqu'un avec un handicap. Mais quand on connaît pas, et bien ça fait peur. Après ce film, ça m'a moins donné envie de rire, mais de comprendre”, confie Tauhiti du lycée de Taaone.
Au final, dix films sélectionnés et adaptés aux scolaires ont été projetés durant toute la journée de lundi 6 février, abordant ainsi différents thèmes comme la beauté avec “Beauté fatale”, un film wallisien ou encore « Zach's ceremony », relatant l'histoire d'un métis aborigène en quête d'identité. Beauté et recherche identitaire, deux thèmes qui n'ont pas manqué de toucher les scolaires.