Des villages entiers ont été dévastés et au moins deux personnes, dont un bébé, ont péri lors du passage du super cyclone Yasa sur les Fidji, selon plusieurs sources dans l'archipel, où les secours s'organisaient vendredi pour gagner les zones les plus touchées.
Le cyclone de catégorie 5, la plus élevée, a frappé jeudi soir Vanua Levu, la deuxième plus grande île des Fidji, dont le Premier ministre a dénoncé de nouveau le lien entre le réchauffement climatique et la répétition des cyclones dévastateurs.
Les services météorologiques locaux avaient auparavant annoncé des rafales à 345 km/h.
La tempête a provoqué des inondations, des glissements de terrain et des coupures de courant avant de quitter l'archipel du Pacifique par le sud-est vendredi, et d'être rétrogradée en cyclone de catégorie 3.
Zalim Hussein, un habitant de la petite ville de Savusavu, sur l'île de Vanua Levu, a déclaré avoir eu peur de mourir, alors qu'il était abrité chez lui dans l'obscurité pendant que les rafales emportaient des maisons autour de chez lui.
"J'entendais les toitures des maisons voisines voler, les arbres tomber et les branches se casser alors que des vagues énormes s'écrasaient sur le littoral", a-t-il raconté.
"On a tous eu peur de mourir et il y a un moment où j'ai même pensé qu'on allait perdre notre maison. En 65 ans, je n'avais jamais rien vu de tel."
Le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama a confirmé la mort de deux personnes, un homme de 45 ans et un bébé de trois mois.
"Nous redoutons que le bilan n'augmente", a-t-il dit.
M. Bainimarama, qui milite de longue date pour une action plus énergique de la communauté internationale contre le changement climatique, a attribué la vigueur du typhon Yasa au réchauffement de la planète.
"Ce n'est pas normal. Il y a une urgence climatique", a-t-il dit dans un tweet.
Avec le réchauffement de la surface des océans, les cyclones deviennent plus puissants, selon les scientifiques, qui prévoient une augmentation de la proportion de cyclones de catégorie 4 et 5.
Dans la campagne fidjienne, la plupart des maisons sont en bois et leurs toits en tôle ondulée. La responsable pour Fidji de l'ONG Save the Children, Shairana Ali, a déclaré que ces habitations n'étaient absolument pas faites pour encaisser des vents de la puissance de ceux de Yasa.
"On nous signale que dans quelques villages, toutes les maisons ont été détruites", a-t-elle dit à l'AFP.
"La plupart des habitants vivent de l'agriculture, or les cultures ont été détruites."
La Croix-Rouge a indiqué qu'elle mobilisait des équipes de secours pour répondre aux "destructions importantes" dans la région de Bua.
Plusieurs ONG avaient entreposé une aide d'urgence aux Fidji pour anticiper les ravages de la saison des cyclones, qui dure jusqu'en mai.
Le Bureau fidjien de gestion des catastrophes nationales a précisé que 24.500 personnes avaient trouvé refuge au passage de Yasa dans 500 centres d'évacuation dans tout le pays.
Depuis le début de la semaine, les autorités avaient multiplié les appels à la prudence pour exhorter la population à se réfugier dans des habitations plus solides, ou sur les hauteurs s'ils vivaient près de la côte.
L'état de catastrophe naturelle a été déclaré jeudi, ce qui donne aux autorités la possibilité d'ordonner des mesures de couvre-feu ou de restriction des déplacements.
Yasa est le troisième cyclone de catégorie 5 à frapper les Fidji depuis 2016, année où le cyclone Winston avait fait 44 morts dans l'archipel.
Le dernier en date, Harold, avait en avril semé le chaos aux Fidji, mais aussi aux Îles Salomon, au Vanuatu et au Tonga.
"C'est terrible de voir un nouveau gros cyclone si rapidement après le cyclone Harold et à quelques jours de Noël", a déploré la cheffe de la Croix-Rouge pour le Pacifique, Kathryn Clarkson, qui est basée à Suva.
"Cela va s'ajouter aux difficultés que connaissent déjà les villageois du fait du Covid-19."
La bonne nouvelle relative est que la zone la plus touchée par la tempête a été la province peu peuplée de Bau. Les destructions auraient été bien plus graves si le cyclone avait directement frappé les grandes villes, qui ont au final été relativement épargnées, à l'exception des inondations à Rakiraki, sur Viti Levu, l'île principale de l'archipel.