Deux rampes à l’entrée de sa maison, et une à l’arrière. Tous les meubles à portée de main. Ces aménagements sont nécessaires pour Pia Faatomo, depuis qu’un chauffard l’a percutée en voiture, il y a 33 ans. "J'ai de nombreuses séquelles notamment au niveau moteur, de la marche principalement, avec des douleurs au niveau de la colonne vertébrale, aux mains...tous les points qui ont eu des contusions importantes. Mais c'est surtout la jambe droite qui a été touchée, j'ai eu une triple fracture ouverte au péroné-tibia, j'ai été enclouée, j'ai subi énormément d'opérations, une bonne douzaine dont la dernière date d'il y a 1 an et demi", déplore Pia Faatomo, victime d'un accident de la route.
Plus de 30 ans après, elle limite ses déplacements afin d’éviter que les douleurs ne ressurgissent. Alors, elle fait ses courses au plus près de chez elle, dans une station-service où elle a ses habitudes. Et elle y reçoit toujours de l’aide pour porter ses sacs. "Ils sont aimables, très serviables, et c'est proche de chez moi. Mais c'est surtout qu'avec mes problèmes de déplacement, je ne peux pas rester longtemps debout, [ici] il n'y a quasiment pas de queue", souligne Pia Faatomo.
Ses fidèles amis, les médicaments, ont toujours été présents, depuis l’accident. Bien rangés pour ne pas être oubliés lors des repas. Le dosage est strict, car durant des décennies de traitements lourds, son corps a souffert des effets secondaires. Elle doit aujourd’hui accepter un traitement allégé et un seuil de douleur minimum. "On se fait une raison, ce qu'on veut c'est vivre. Le plus décemment possible, le plus dignement possible, en dépendant le moins possible des autres personnes, donc il faut apprendre à développer son autonomie, savoir aussi faire preuve d'humilité et prendre sur soi quand on n'est pas content...car on nous aide déjà", constate Pia Faatomo.
Elle avoue ne pas avoir pardonné au responsable de son état. Ce dernier n’a d’ailleurs écopé que d’une faible amende, sans même un retrait de permis de conduire. Elle pense utile que les chauffards accompagnent pour un temps les personnes qu’ils ont estropiées, dans le but de les responsabiliser.