Du sable en provenance du Sahara s’est déversé sur la métropole, le 6 février dernier. Ce sable est chargé de césium-137, un composant radioactif vieux de 60 ans.
Le 6 février dernier, la neige et le ciel du Jura et des Pyrénées ont été teintés d'une couleur ocre. Il s'agit de sable du sud de l’Algérie qui a été soulevé par le vent et s'est dispersé sur tout l'Hexagone. Ce phénomène a donné naissance à une lumière particulière et a été à l’origine de nombreux clichés partagés sur les réseaux sociaux.
Al’intérieur de ce sable, se cachent des particules de résidus âgés de plus de 60 ans : du césium-137. L’ACRO, l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest, explique à France 3 qu'il s'agit d' "un radioélément artificiel qui n’est donc pas présent naturellement dans le sable et qui est issu de la fission nucléaire mise en jeu lors d’une explosion nucléaire."
Une corrélation évidente est apparue avec les essais nucléaires français près de Reggane dans le sud algérien. C'est le 13 février 1960 que la première bombe atomique appelée la "Gerboise bleue", a explosé dans le Sahara. Sa puissance est estimée à 70 kilotonnes, une explosion trois à quatre fois plus puissante que celle de la bombe d’Hiroshima en août 1945.
60 ans d'histoire
Au total entre 1960 et 1966, 57 essais nucléaires aériens et souterrains vont se dérouler en Algérie. À la signature des accords d’Evian en 1962, la France s'engage à stopper ses essais en Algérie et met un terme définitivement aux expérimentations dans le Sahara en juillet 1967. Dès lors, la France décide de poursuivre ses essais nucléaires dans le Pacifique sud, en Polynésie française.
Le premier test se déroule en juillet 1966 sur l'atoll de Moruroa. C'est seulement 30 ans plus tard, le 29 janvier 1996, que le président de la République, Jacques Chirac, annonce la fin définitive des essais nucléaires français sur le territoire polynésien.
Des particules sans danger
Selon les experts, les particules fines de sable disséminées début février sur le sol français ne représentent à priori plus aucun danger pour la santé. Pierre Barbey, spécialiste de la radioprotection à l’Université de Caen, a assisté dans le Jura au phénomène et a décidé de prélever un échantillon du sable. "Ce jour-là, c'était très étrange, nous avons chaussé les raquettes tôt le matin, la neige était blanche, au fil de la balade tout a changé, ça a duré toute la journée. J’étais avec des amis qui étaient inquiets en voyant ces poussières ocres recouvrir le sol", raconte-t-il à France 3.
C’est ainsi que les traces de ce principe radioactif ont été détectées. Le scientifique explique que le Césium-137 a une période de demie vie de 30 ans, tous les 30 ans, il perd la moitié de sa teneur radioactive. "Au bout de 7 cycles de 30 ans, on considère qu’il ne reste que 1 % de substances radioactives".
Le #sablesaharien est encore bien présent à #pau #bearn ce soir 📷 @meteopyrenees pic.twitter.com/bcOb5WzSWL
— Météo Pyrénées (@Meteo_Pyrenees) February 23, 2021