Emmanuel Macron au chevet des sinistrés de St Martin

Les îles de St Martin et St Barthélémy touchées de plein fouet par "Irma"
Une semaine après le passage dévastateur du cyclone "Irma" sur les îles de St Barthélémy et de St Martin, le chef de l'Etat s'est rendu sur place à la rencontre des très nombreux sinistrés. Sur l'île, "Irma" a causé la mort de onze personnes.
Emmanuel Macron s'est rendu au chevet des victimes d’Irma. Aux Antilles, il a défendu l’action du gouvernement et dénoncé les débordements inacceptables après les pillages des derniers jours.

Le chef de l’Etat sera aux côtés des forces de l’ordre en patrouilles.

A St Martin, Emmanuel Macron a aussi évoqué la reconstruction, laquelle doit être exemplaire avec pour priorité le retour à une vie normale face à des sinistrés exaspérés.


Julie Marie Lecomte envoyée spéciale de France Info à Saint-Martin


"Pourquoi êtes-vous venu ?", lui demande, énervée, une jeune femme. "Je suis content de te voir, président!", lance un autre. Les habitants de l'île de Saint-Martin ont réservé un accueil contrasté à Emmanuel Macron, venu les "réconforter" une semaine après le passage du cyclone Irma.
             
Comme à son habitude, le président est allé au contact. Durant plus de quatre heures, il est passé de maison en maison, la plupart en ruines ou très endommagées, pour serrer les mains, caresser la tête des enfants ou claquer la bise.
             
"Ca va, le moral est bon ?", demande-t-il à une jeune fille au turban coloré. "Ben oui, puisqu'on est vivants !", lui répond-elle en riant.
             
Un peu plus loin, Emmanuel Macron pose longuement ses mains sur l'épaule d'Elton Sam, surnommé dans son quartier "Mr Biggs". Ce quadragénaire lui montre sa maison aux volets bleus qui borde la plage paradisiaque de Grand-Case.
             
Il désigne d'une voix sourde le premier étage où plafond, portes et fenêtres ont disparu. "J'ai perdu ma femme, qui y était, la semaine dernière", raconte-t-il, réconforté par le président.
             
Son épouse fait partie des onze morts dénombrés par les autorités à la suite du passage d'Irma, le cyclone le plus dévastateur depuis au moins 100 ans.
             
Dans les rues, si l'accueil est plutôt bienveillant, certains apostrophent sans ménagement le chef de l'Etat.
             
A peine sorti de l'aéroport, il est ainsi interpellé par des femmes qui ne demandent qu'une chose: quitter au plus vite l'île. "Nous sommes là depuis 06H00 du matin et on attend toujours, sous le cagnard", s'indigne l'une d'elles, qui veut partir en Guadeloupe pour rejoindre ensuite la métropole. "On veut prendre une douche, manger, vivre quoi", résume une autre.
             
Sans lâcher leurs regards, Emmanuel Macron tente de les rassurer, de les apaiser. Il assure que "tous ceux qui veulent partir pourront le faire". Quelque 2.000 des 35.000 habitants de la partie française ont déjà quitté l'île ces derniers jours, selon les autorités.
                 

Faire renaître St Martin

             
Charlotte Dubois, une marseillaise de 43 ans installée sur l'île depuis un quart de siècle, n'est elle pas candidate au départ. Elle veut rester mais réclame une "véritable aide pour nettoyer les rues et les maisons". "On ne veut pas de ces gendarmes qui nous regardent de travers avec leurs gros pistolets. On n'est pas des voleurs à saint-Martin... Pas comme dans certains quartiers de Marseille ou Paris", s'insurge-t-elle.
             
Le président, la main sur son épaule, lui explique que le retour de la sécurité est une priorité après les pillages des derniers jours.
             
Elle le regarde ensuite partir, suivi par une nuée de journalistes et d'officiels: "il m'a regardée dans les yeux, m'a écoutée. Mais pour l'instant, ce sont des mots. J'attends de voir".
             
M. Macron s'attendait à un accueil houleux. "Je comprends la colère de gens qui ont tout perdu ou beaucoup. Il faut maintenant une réponse à la hauteur du défi pour faire renaître Saint-Martin", explique-t-il.
             
Daniel Gibbs, président (apparenté LR) de la collectivité de Saint-Martin, abonde. "Cette catastrophe peut être un nouveau départ pour notre île. C'est pour ça que je ne parle pas de reconstruction mais de construction".
             
Un discours optimiste que certains jugent prématuré. Comme Raoul Sebbagh, qui montre, dépité, ce qui reste de son restaurant de bord de mer, "Il Nettuno", "avec sa terrasse de 24 m2". "Vous pensez, je l'ai acheté il y a seulement un mois et demi. Et je n'ai plus rien".
             
Philosophe malgré tout, il se dit prêt à "essayer de repartir". "Mais il me faut 300 à 400.000 euros..."
             
Accompagnant M. Macron, le président de la Fédération française des assureurs, Bernard Spitz, tente de le rassurer: "nous allons faire preuve d'une grande souplesse pour les aider à repartir", explique-t-il, promettant le passage d'un expert "très rapidement".

Emmanuel Macron doit ensuite se rendre à St Barthélémy.
Emmanuel Macron au chevet des sinistrés de St Martin