"Gilets jaunes" : mobilisation en baisse

La mobilisation est en baisse au cinquième grand rendez-vous des "gilets jaunes". Les tensions et les interpellations sont aussi moins nombreuses que la semaine dernière.
Il s'agissait d'une journée-test, après les annonces d'Emmanuel Macron pour tenter de trouver une issue à la crise. Des "gilets jaunes" ont poursuivi blocages et manifestations, samedi 15 décembre, lors du cinquième samedi de mobilisation nationale contre l'augmentation des prix des carburants et la perte de pouvoir d'achat.

Quelque 69 000 forces de l'ordre ont été mobilisées dans toute la France samedi, dont 8 000 à Paris, appuyées par 14 véhicules blindés à roues de la gendarmerie. Mais dans l'ensemble, la mobilisation a été moins suivie et moins violente que les précédents samedis.
 

Une mobilisation en baisse


Au total, le ministère de l'Intérieur a recensé 66 000 manifestants dans toute la France, samedi. Soit deux fois moins que les 126 000 de la semaine dernière. Peu avant 15 heures, 33 500 manifestants étaient comptabilisés dans toute la France par le ministère de l'Intérieur. Seules 2 200 étaient recensées à Paris, contre 10 000 il y a une semaine. 

La mobilisation était aussi en recul dans plusieurs villes comme à Lyon, Rennes, Caen, Strasbourg, Toulouse. A Bordeaux, quelque 4 500 "gilets jaunes" (soit deux fois plus qu'à Paris) ont défilé, un chiffre quasi-similaire à la semaine dernière. La mobilisation "est un peu un échec, mais c'est à cause de l'État qui nous empêche de manifester correctement", "qui n'arrête pas de faire peur", estime Lucie, une aide-ménagère de 35 ans venue de Melun (Seine-et-Marne) pour manifester dans le quartier parisien de l'Opéra. Mais "le mouvement est là, on va rester, on est déterminé", a-t-elle assuré à un journaliste de l'AFP.


Baisse du nombre d'interpellations


De nombreux contrôles de police ont de nouveau eu lieu en amont sur les routes, dans les gares et les transports en commun menant vers Paris, samedi dans la matinée. La semaine dernière, près de 2 000 personnes avaient été interpellées, un record. Mais à 17 heures, il n'y avait eu à Paris "que" 136 interpellations, dont 96 gardes à vue, alors que les manifestations prenaient fin. Un chiffre bien en deçà des 673 interpellés, dont 551 gardés à vue, annoncées la semaine dernière à la fin de la journée.

Les manifestations se sont déroulées, la plupart du temps, dans le calme. Ce fut notamment le cas sur les Champs-Elysées, à Paris, alors que de violents affrontements s'étaient déroulés sur l'avenue les samedis précédents. Preuve de la situation maîtrisée, plusieurs boutiques sont restées ouvertes sur les Champs-Élysées, fréquentées par les clients, notamment des touristes, qui se faufilaient entre les manifestants. La plupart des magasins étaient néanmoins fermés et barricadés.
 

Des tensions en province


Des tensions sont néanmoins apparues à Toulouse, où des affrontements ont eu lieu en fin d'après-midi dans le centre-ville. Le secteur du Capitole et le marché de Noël ont été bouclés par les forces de l'ordre. A Bordeaux, plusieurs centaines de personnes ont forcé leur chemin et ont fait irruption derrière la cathédrale, à deux pas des grilles de la mairie, alors que le cortège avait traversé la ville sans violence. Comme à Paris et à Toulouse, des canons à eau ont été utilisés par les forces de l'ordre pour disperser les manifestants. Les protestataires ont de leur côté jeté des projectiles divers, des bouteilles ou feux d'artifice en tir tendu. Au total, 27 personnes ont été placées en garde à vue pour jets de projectiles ou port d'armes prohibées, selon la préfecture. 

A Nantes, un policier a été "blessé" par des "jets de projectiles", a annoncé la préfecture de police de Loire-Atlantique. Dans la ville, cinq manifestants ont été interpellés, sur les quelque 1 200 personnes qui ont défilé dans une certaine tension, alimentée par des salves régulières de grenades lacrymogènes. Des tensions étaient aussi présentes à Avignon (Vaucluse), et à Besançon (Doubs), indique France Bleu.
 

Hommage aux victimes


Des manifestants ont observé plusieurs minutes de silence à travers la France, comme à Marseille, à Toulouse ou encore à Rennes, en hommage aux victimes de Cherif Chekatt et aux "gilets jaunes" "tombés" lors des barrages.

En pleine manifestation sur les Champs-Elysées, cinq femmes, vêtues d'un haut rouge et d'un bonnet phrygien, et dénudées pour représenter des statues de Marianne, ont pris la pose devant les forces de l'ordre, avenue des Champs-Elysées. Il ne s'agit pas d'une action des Femen, ces militantes féministes habituées des happenings dénudés, mais d'une action menée par Deborah de Robertis, une artiste luxembourgeoise connue pour ses performances dénudées dans les musées.