Mardi 8 juin, neuf personnes comparaissaient devant le tribunal correctionnel pour trafic et importation d’ice entre Tahiti, Raiatea et les Etats-Unis de 2010 à 2016. Fait marquant de ce dossier : l’implication familiale entre les prévenus.
"J’obéissais à mon père, j'étais sous son influence. J’avais peur de lui !". A la barre du tribunal correctionnel, le jeune prévenu ne paye pas de mine. Pourtant s’il est là aujourd’hui, c’est parce que la justice lui reproche d’être impliqué dans un trafic d’ice.
En 2015, à la demande de son père alors en prison suite à une autre affaire de stupéfiants, il perpétue le trafic depuis l’extérieur. Il fait également passer des colis de paka via une tierce personne et de l’argent, plus de 1.3 million cfp, pour "améliorer" ses conditions de détention explique le jeune homme. A l’époque, il a 18 ans. Il se dit sous l’emprise d’un père un peu trop tyrannique….
"Il y avait une sorte de chantage affectif assez malsain entre le père de mon client et mon client. Il y avait aussi des menaces assez sérieuses : en gros, dans le milieu je suis assez connu et si ça ne se passe pas comme moi je t'ai dit que ça allait se passer, fais attention aussi à toi. Cet échange est très perturbant pour une jeune homme de 18 ans", explique Me Edouard Varrod, avocat du prévenu
Son père est réputé dans le milieu. Combats de coqs, trafics de paka puis d’ice, l’homme est surnommé le parrain. Il semble d’ailleurs à la tête du trafic de stupéfiants jugé à partir de ce mardi. Une histoire qui se joue entre 2010 et 2016. Ce procès raconte toutes les ramifications habituelles du trafic d’ice : revendeurs, fournisseurs, importations... Mais ce qui détonne c'est cette influence de l’environnement familial et l’engrenage qui s’en suit. Un autre prévenu surnommé "Shangai" a aussi lui utilisé son fils, "Dragon", comme garde du corps et revendeur.
Des entreprises pour blanchir
Autre point édifiant : le blanchiment d’argent qui passe par des investissements de fonds de commerces. Deux boulangeries à Tahaa et Raiatea mais aussi, à l’époque, une station d'essence à Taina. Au total, près de 200 millions cfp ont été investis en six ans. A la barre, le mis en cause semble tomber des nues lorsque le président du tribunal lui annonce que le blanchiment est plus sévèrement puni que le trafic en lui-même. C’est en tout cas la politique du parquet pour endiguer le fléau de l’ice.
Demain, mercredi, l’audience reprendra avec les autres prévenus et certainement les réquisitions puis les plaidoiries des avocats. La plupart des mis en cause comparaissent libres, deux sont en détention pour une autre affaire dont celle de Sarah Nui et deux sont absents. Ce procès devrait se poursuivre encore durant deux jours. Les prévenus encourent jusqu'à 10 ans de prison et 20 ans en cas de récidive.