La fiction, un genre qui se développe en Polynésie

La fiction, un genre qui se développe en Polynésie
C’est une soirée incontournable depuis maintenant treize ans… Le FIFO est certes consacré aux documentaires en Océanie mais il s’est ouvert à la fiction dès 2010. Une ouverture qui a permis à la filière de se développer depuis dix ans.

Ils sont aujourd’hui indissociables. La fiction et le FIFO ont grandi ensemble dans la même pirogue. Il y a tout juste vingt ans, le festival international du film documentaire océanien naissait. Au même moment, la première association de professionnels de l’audiovisuel en Polynésie voyait le jour. Ils sont alors une vingtaine. Des producteurs, des réalisateurs, des techniciens qui naviguent au gré des documentaires. Au fil des ans, ils s’essaient à la fiction avec l’aide notamment du FIFO. Le festival s’ouvre au genre et organise la première Nuit de la fiction en 2010. Cette soirée dédiée aux courts-métrages connaît tout de suite un franc succès. Depuis, cet événement est devenu un incontournable du festival. « J’adore cette soirée car ça permet de découvrir d’autres histoires, d’autres réalisateurs, d’autres messages. C’est complémentaire au documentaire et ça apporte de la diversité », confie Céline à la sortie de la 13e nuit de la fiction organisée samedi 4 février au Grand Théâtre de la Maison de la Culture. L’intérêt du public nourrit la curiosité pour le genre et attire des vocations. S’il y a vingt ans, les productions métropolitaines ou étrangères débarquaient à Tahiti avec leurs équipes, aujourd’hui, la Polynésie propose ses talents. Ils sont désormais plus de 200 professionnels de l’audiovisuel à vivre du métier. « Aujourd’hui, nous avons les compétences techniques et artistiques ici. On peut accueillir des tournages de téléfilms, de séries, de films mais on peut aller plus loin », explique Denis Pinson, président de la FPAC, la fédération des professionnels de l’audiovisuel, qui était l’un des invité de la table ronde autour de la fiction organisée par le FIFO au petit théâtre de la Maison de la Culture, dimanche 5 février.

L’importance de former

 

Tahiti PK0, La dernière reine de Tahiti ou récemment Pacifiction… Le nombre de fictions s’enchaînent en Polynésie française où désormais les équipes sont majoritairement polynésiennes. Des équipes qui ont appris sur le tas avant de se professionnaliser. « C’est possible de tout faire ici. Quand les professionnels viennent ils ont beaucoup d’expérience mais nous on connaît notre île et nos gens donc on fait un meilleur travail ! », affirme Carl Brillant, chef décorateur. La fiction engendre donc des vocations mais aussi des retombées économiques importantes pour le Pays : 1.9 milliard de Fcfp en 2022. Si les producteurs et réalisateurs ont envie de tourner en Polynésie, il faut encore développer la filière au niveau local. « Les techniciens locaux savent tout faire. Malheureusement, on a du mal à trouver des jeunes… Il faut de la formation ! Nous avons des artistes talentueux mais nous n’avons pas assez de projets et d’argent pour développer la fiction. Si on avait une bonne de formation faite par des professionnels, on pourrait structurer la filière. », considère Marie-Eve Tefaatau, productrice. Certaines chaînes ont entendu le message. C’est le cas du pôle Outremer de France Télévisions qui a fait du story-telling local sa mission. Une nouvelle ligne budgétaire s’est ouverte avec le portail Outremer. Le pôle propose par exemple des formations pour les auteurs. « On a cette volonté de faire de la fiction concernante, de montrer aux téléspectateurs des fictions qui les concernent et où ils se reconnaissent, avec des professionnels qui ont apporté un contenu et ont renforcé la filière », explique Gabrielle Lorne, responsable du pôle Outre-mer à France TV. 

Mettre en place une stratégie

 

Il faut dire que la Polynésie française regorge d’auteurs. Le territoire est rempli d’histoires, de personnages, de légendes. « Les idées, tout le monde peut en avoir mais après il faut une formation de scénariste. C’est très important car c’est comme ça que ça commence. Pourquoi pas mettre en place des résidences d’écritures ? », propose Paul Manate, réalisateur et auteur polynésien qui a fait ses premières fictions sur le territoire. Une résidence est d’ailleurs prévue en septembre prochain à Tahiti. Un début donc… Mais si désormais le territoire est dans la capacité de faire des films, il y a encore un gros travail à fournir. Former donc, mais aussi développer l’incitation fiscale, un dispositif fiscal qui permet aux producteurs locaux de films étranger de déduire de leur impôt une part des dépenses de production. Il faudrait également ouvrir un bureau d’accueil pour accueillir les tournages et faire la promotion à l’international. « On aimerait mettre en place une stratégie avec le gouvernement pour avoir une vision à moyen terme,, lance le président de la FPAC. L’idée serait vraiment d’écrire une feuille de route sur les 5 années à venir avec un objectif sur le nombre de tournages, de retombées économiques, des formations et accompagnement. » Et quoi de plus symbolique que de le faire maintenant, pour les 20 ans du FIFO !