La lente rééducation des patients dits "covid long"

99 patients sont actuellement comptabilisés comme covid long. Pour eux, le virus a laissé des traces. La convalescence est plus dure, plus longue aussi et nécessite une rééducation. Des soins physiques mais aussi psychologiques prodigués à l'hôpital de jour de Pirae.

Rien que parler, ça l’essouffle. Le signal sonore indique à Robert qu’il manque d’oxygène. Après 11 jours d’hospitalisation dont 6 en réanimation, il va commencer sa rééducation. "Je voudrais récupérer la capacité pulmonaire que j’avais avant de tomber malade. Me remettre en forme car j’ai perdu énormément de poids. Près de 17 kilos", explique difficilement Robert Liao, nouveau patient du centre Te Ora Ora.

Souffrance physique et psychologique

 

La convalescence post covid a 2 dimensions. L’une physique et l’autre psychologique. "Ce dont on se méfie le plus c’est des expériences faites par les patients eux-mêmes. Parce qu’ils ont l’impression à un moment d’aller mieux et pourtant ils ont toujours besoin d’oxygène. Donc c’est faire accepter ce temps d’oxygène, sachant qu’on guérit à la fin", précise Daniel Monconduit, thérapeute et directeur admnistratif du centre Te Ora Ora. "L’autre piège c’est de ne pas prendre en compte la souffrance psychologique. C’est-à-dire qu'évidemment, on est centré sur la détresse respiratoire. Mais il faut voir qu’une détresse respiratoire a d’abord en tant que tel un énorme impact psychologique".

Juliana est restée 12 jours à l’hôpital. A l’époque son taux de saturation en oxygène était inférieur à 50%. Elle peut désormais marcher pendant une heure. Juliana TUARIIHIONOA  en est à sa 4e semaine de convalescence : "Je suis arrivée le premier jour, comme taote a dit comme un légume". Et aujourd’hui au bout d'un mois, elle se sent "beaucoup mieux. Donc déjà au bout de la 2ème semaine j’ai vu une très grande amélioration. Surtout au niveau de ma respiration". 

"Rééduquer le système respiratoire"

 

Sevrer les patients en oxygène, c’est l’objectif principal du centre Te Ora Ora. "On est censé leur rééduquer le système respiratoire. On sait que dans le post covid, surtout chez les patients qui ont fait la réanimation, il y a une sidération du diaphragme, le muscle de la respiration. Et notre travail commence par là, rééduquer le diaphragme", détaille Clément VILLENEUVE, kinésithérapeute.

 

Autre particularité du covid, son impact sur le goût et donc l’appétit. D’où l’importance de consultation avec une diététicienne. "On va regarder la perte de poids qu’il y a eu depuis l’hospitalisation, pour voir s'il y a une dénutrition ou pas. Et aussi par rapport au bilan sanguin... Si par contre le patient est dénutri, dans ce cas là on voit petit à petit… régulièrement on revoit le patient, pour savoir si l’appétit revient ou pas et s'il y a besoin de mettre en place une complémentation orale. C’est-à-dire des bouteilles énergétiques et riches en protéines", précise Hélène POCARD, diététicienne

Pour Feperonia dit William Salomon, en fin de convalescence, il a fallu 2 mois de rééducation. "J’arrive à lever les bras. Parce que j’ai tout perdu. Ah ça va maintenant j’ai repris un peu, petit à petit".

Le centre Te Ora Ora accueille une trentaine de patients par jour, dont la moitié sont des personnes dites covid long.