1150 Marines sont d’ores et déjà basés près de Darwin, sur la côte nord de l’Australie, un site hautement stratégique, puisque c'est la porte d'entrée vers l'Asie. Les effectifs seront portés à 2500 Marines dès 2020. Initialement ce devaient être 1500 Marines dès 2015, et 2500 d’ici 2017, mais le déploiement a pris du retard.
Il s’agit maintenant de faire un pas de plus, en stationnant autour de Darwin des avions ravitailleurs, ainsi que des bombardiers B1. « Des bombardiers B-52 sont déjà déployés à Darwin et dans plusieurs bases du nord de l’Australie, rappelle Euan Graham, le directeur du programme de sécurité internationale à l’Institut australien Lowy. Mais les B1, eux, peuvent larguer des bombes nucléaires, donc cela va attirer l’attention de la Chine. C’est un avion plus moderne. C’est un nouveau maillon dans la chaîne qui lie les armées américaine et australienne. »Officiellement, le Pentagone ne lie pas cette concentration d’hommes et d’avions dans le nord de l’Australie, avec les provocations de la Chine, qui annexe une partie des eaux internationales de la Mer de Chine du Sud, au large du Vietnam et des Philippines, n’hésitant pas à créer des îlots artificiels.
Mais hier, la générale américaine, Lori Robinson, a encouragé « tous les pays de la région et du monde à naviguer dans et survoler la zone internationale, conformément au droit et normes internationaux ».
Les États-Unis s'irritent de la prise en main du port de Darwin par une entreprise chinoise
Washington n'a toujours pas accepté la décision du Territoire du Nord de confier la gestion du port de Darwin à Landbridge, une grande entreprise chinoise adossée au gouvernement chinois, pour une durée de 99 ans. Le Pentagone n’a pas apprécié de ne pas avoir été consulté, d’autant que Landbridge administrera de facto la base de ravitaillement de l’armée américaine dans le port de Darwin.
On a appris aujourd'hui que le Département d’État américain avait réalisé un sondage auprès d’un échantillon d’Australiens. Verdict: 43% d’entre eux estiment « risqué » de céder la gestion du port de Darwin à l’entreprise chinoise. « Une fuite savamment orchestrée » par les Américains, selon James Brown, professeur au centre des études américaines de l’université de Sydney.
Le Premier ministre, Malcolm Turnbull, a donc du calmer les inquiétudes des Australiens:
« Dennis Richardson, qui est le très expérimenté secrétaire du Département américain de la Défense, a dit lui-même que nos agences de sécurité avaient procédé à une évaluation rigoureuse des problèmes de sécurité liés à la vente de ce port (officiellement ce n’est qu’un bail de 99 ans, NDLR) , en fonction de l’intérêt national de l’Australie. C’est comme ça que nous avons évalué les risques pour notre sécurité, et non pas, sauf votre respect, en recourant à un sondage d’opinion par texto. »
Quelques observateurs voient Landbridge comme un cheval de Troie, qui permettrait à Pékin de surveiller la coopération militaire entre l’Australie et les États-Unis. Une théorie démontée par James Brown:
« Je ne partage pas les inquiétudes des hauts-fonctionnaires américains selon lesquelles l’arrivée de Landbridge est une prise de controle indirecte de l’armée chinoise de liberation du peuple, une sorte de cinquième colonne qui poserait un problème extrême de sécurité. Mais le fait que Washington n’ait rien vu venir, c’est un point sensible dans la relation australo-américaine. »
Même écho du côté d’Adam Giles, le ministre en chef du Territoire du Nord, qui voit l’arrivée de Landbridge comme une formidable opportunité économique, car le groupe chinois va investir plus de 500 millions de dollars à Darwin. Il s’oppose donc à ce début de psychose anti-Chinois en Australie:
« Il ne faut pas être obsédé par ce duel États-Unis contre la Chine. Nous voulons tous la sécurité dans le monde. L’Australie est un pays qui accueille des investisseurs venus de différent pays. Et notre responsabilité est de pouvoir travailler avec tout le monde, pour attirer plus d’argent dans le Territoire et continuer à créer des emplois. »
Neil James, le directeur de l’association de défense australienne, un laboratoire d’idées sur la sécurité nationale, qualifie quant à lui de « stupide » la cession du port de Darwin à l’entreprise chinoise Landbridge.