L'Aranui sans touristes : production agricole, artisanat et ambiance au plus bas

Covid oblige, à part le fret, le navire Aranui 5 ne peut plus transporter de touristes jusqu'aux Marquises. Conséquence : à Ua Pou, le secteur artisanal n'a plus de débouchés, et l'ambiance festive a disparu. Malgré tout, les Marquisiens ne baissent pas les bras.

Cela fait 3 voyages d'affilée que le navire Aranui 5 ne transporte plus de touristes à son bord. La faute au variant Delta, bien que l'armateur ait pris les devants en vaccinant la totalité de ses employés voire même imposé la vaccination aux touristes avant de monter à bord, un genre de pass sanitaire avant l'heure. Conséquence, le navire ne transporte uniquement que du fret.

Au quai de Hakahau, malgré l'effervescence, entre les allers des chariots, le déchargement des marchandises, la population est soumise aux restrictions mises en place par la commune de Ua Pou. 

 

 

 

 

 

Pour Marcel Bruneau, agriculteur, le confinement à Tahiti a des conséquences directes sur sa production. En effet, habituellement il expédie plus de 500 kg de fruits vers la capitale mais voilà, la crise est passée par là. "Ma cliente (de Tahiti) m'a appelé pour baisser les quantités de fruits, à cause du confinement, parce qu'ils ne peuvent pas trop se déplacer. Ils ont peur de ne pas pouvoir tout vendre", dit-il.

"Presque le silence"

 

Au centre artisanal du village, lieu incontournable à chaque arrivée de l'Aranui, "c'est la fête... Aujourd'hui c'est presque le silence", déclare Benjamin Teikitutoua, un enseignant à la retraite. Habituellement, il y a un orchestre, des démonstrations, des prestations de danse. Et dans la salle d'exposition où tous les artisans viennent exposer le fruit de leur travail, il n'y a pas de voyageurs, on retrouve uniquement les locaux et quelques touristes des pensions. Pour Wildorf, président du comité des artisans, "c'est difficile depuis cette crise, c'est très difficile de vivre sans touristes à Ua Pou. C'est une perte de 60% de leur chiffre d'affaires."

 

 

 

 

 

Malgré le contexte, certains artisans ne manquent pas d'idées pour se reconvertir comme Iris TETUAMANUAHIRI, artisane, qui s'est mise à planter des légumes et fruits, cuisiner des plats locaux pour les vendre au centre artisanal. "Au lieu que de faire de l'artisanat, on fait du kai kai", explique-t-elle.

Pour Toti TEIKIEHUUPOKO, premier maire-adjoint, le Marquisien est un "débrouillard", il sait s'adapter malgré tout. "On ne peut pas vivre d'une mono-culture. On est polyvalent. On en va pas mourir de faim". 

Une chose est sûre, la reprise des croisières sera très attendue tant par les artisans que par les autres professionnels.