Pédophilie dans l’Eglise catholique : et en Polynésie ?

L’Eglise catholique face à ses démons. Depuis 1950, 330 000 mineurs ont été victimes de clercs, de religieux ou de laïcs travaillant dans les institutions de l'Église en France. C’est le constat accablant de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église catholique. Qu'en est-il ici ?

Le rapport Sauvé, ce sont 485 pages qui donnent la nausée. Entre 1950 et 2020, au moins 3 000 pédocriminels ont sévi dans l’Eglise catholique.

Les garçons entre 10 et 13 ans représentaient près de 80 % des victimes.

Monseigneur Cottanceau.

 

A l’archevêché, on n’hésite pas à parler de dégoût et de honte. "Je ressens de la honte et de l'indignation", s'est indigné ce matin l'archevêque de Papeete, Monseigneur Cottanceau :

Monseigneur Cottanceau

 

Mais les témoignages provenant des outre-mer sont peu nombreux. 

En Polynésie française, depuis 2013, les victimes peuvent se manifester auprès de la Circas. A peine une dizaine de signalements ont été réalisés en 8 ans.

La parole pas encore libérée

 

"Ce sont plutôt des situations de comportement inapproprié. Nous recevons des signalements qui ne concernent pas uniquement des clercs, mais qui peuvent aussi concerner des laïcs ayant une charge pastorale, ou alors travaillant dans une institution qui se trouve sous l’autorité de l'Eglise catholique. Donc c'est un éventail beaucoup plus large", explique Antoinette Duchek, présidente de la CIRCAS (Commission lnterdiocésaine de Recours en Cas d'Abus Sexuel). "Le fait qu’aucun signalement d'abus sexuel n'ait vraiment été fait nous interroge. Est-ce qu'il n'y en a vraiment pas eu, ou est-ce que les personnes ne veulent pas parler ? Vous savez comment les Polynésiens fonctionnent : il y a des choses qui ne se disent pas. Est-ce que c'est par pudeur ? Je pense qu'il faut attendre les nouvelles générations qui sont plus ouvertes sur les choses, qui s'expriment plus facilement". 

Antoinette Duchek, présidente de la Circas.

 

Antoinette Duchek ajoute qu'"il y a aussi le poids de l'Eglise qui est encore très important. Le prêtre est une personne très respectée, il ne faut pas parler de lui de travers...Suite au rapport Sauvé, je me suis questionnée : le pourquoi, est-ce dû à notre culture, le mutisme, la pudeur...Les prêtres en Polynésie ne vivaient pas si proches des communautés".

Une affaire a tout de même éclaté en 2019. L’ancien prêtre de la paroisse Sainte-Thérèse a été mis en examen notamment pour agressions sexuelles sur mineurs. Présumé innocent, il n’a toujours pas été jugé.

"Mon identité de prêtre mise en cause"

 

Pas facile pour son remplaçant de prendre ses marques. "Je pense avant tout, en tant que curé, c'est vraiment d'observer les choses, d'avoir une écoute active, et de garder une certaine neutralité. Parce qu'on n'est pas là pour juger qui que ce soit. C'est une grande tâche qui m'a été confiée, je dois écouter tout le monde", précise Gérald Tepehu, curé de la paroisse Sainte-Thérèse.

Gérald Tepehu, curé de la paroisse de Sainte-Thérèse.

 

"Ca me touche parce que c’est aussi mon identité de prêtre qui est mise en cause...C’est de mon devoir de maintenir aussi ma foi, et de pouvoir accompagner comme il se doit les familles en leur donnant une confiance envers l'Eglise. C'est un cheminement à faire, mais il y a du travail".

Une phase d’observation est donc nécessaire pour retrouver la confiance des fidèles. 

 

Regardez le reportage de Cybèle Plichart :