Priorité au coco local pour relancer l'économie

La suspension prochaine des importations d’eau de coco en brique, de panga et surtout du lait de coco en boîte, afin de soutenir les producteurs locaux fait parler d'elle. Le lait de coco est une institution en Polynésie. Reste à savoir comment la mesure sera accueillie par les consommateurs.

Dans les firi firi, le pain coco, ou le poisson cru…Le lait de coco est un incontournable de la cuisine polynésienne. En Polynésie, plusieurs marques de lait de coco en boîte figurent dans les étals. Pasteurisé, importé de Thaïlande et vendu à un prix défiant toute concurrence : entre 130 Fcp et 190 Fcp la boîte. Mais aussi beaucoup d’additifs : jusqu’à 40% d’eau, du stabilisant ou encore de l’émulsifiant.

Le Pays prévoit d’en interdire l’importation bientôt, afin de soutenir les producteurs locaux. Gamilous est un grand consommateur de lait de coco en boîte : « Pour le poisson cru, le po’e… ». Quant à la disparition de ce produit phare, il reste dubitatif : « Dans  les îles, y’a pas de problème pour le lait de coco local, mais à Tahiti, est-ce que ce sera suffisant pour notre population ? ». Henriette, quant à elle, est une adepte du lait de coco frais, qu’elle râpe et presse elle-même dans son jardin : « On vient de le faire, de le râper, le lait est frais et il n’y a pas tous ces additifs… ».

Et pour ceux qui n’ont pas de cocotier dans le jardin ou bien un cocotier dans la main, le lait de coco local est aussi vendu fraîchement pressé. Garanti sans additif, 48h de conservation maximum. Il est aussi jusqu’à 2 fois plus cher que son cousin importé : 500 Fcp la bouteille de 50 cL, 1 000 Fcp la bouteille d’un litre, au marché de Faa’a. « Je râpe le coco et la tatie le presse, explique Emilie Teriirere, commerçante. C’est trop de travail à faire. Moi aussi quand je n’ai pas de lait de coco en bouteille, je prends celui en boîte, c’est plus facile que de râper et après taviri [presser nldr]. »

Dans un snack de Faa’a spécialisé dans la préparation de poisson cru, Marita Mesnard maîtrise la recette sur le bout des doigts. Pour elle, l’important, c’est la fraîcheur et le goût : « Je n’ai jamais utilisé le lait de coco en boîte. Pour moi, c’est moins bon, j’ai toujours utilisé le lait de coco local. En boîte, j’ai toujours pensé qu’il y a un petit goût. Tous les jours, je râpe mon coco et après, je le presse, » explique-t-elle en arrosant son poisson cru du jour d’une généreuse louche de lait de coco fraîchement pressé.

Pour l’heure, le Pays n’a pas encore pris d’arrêté, mais souhaite interdire les importations le plus tôt possible, avec l’eau de coco en brique et le panga.