18 ans de prison pour Eugène Raurahi

La salle d'audience de la cour d'Assises de Papeete quelques minutes avant le début du procès d'Eugène Raurahi pour le meurtre de Mauitua Noho commis en février 2013
Après deux jours de procès en appel, la peine est finalement tombée : Eugène Raurahi, accusé du meurtre de Mauitua Noho, a écopé de dix-huit ans de prison. Une peine allégée par rapport à celle du procès en première instance.
Eugène Raurahi a finalement obtenu gain de cause. Condamné à 23 ans de réclusion criminelle lors de son procès en première instance en septembre 2013,  l'ancien champion de boxe amateur a finalement vu sa peine allégée lors du procès en appel qui s'est tenu les 9 et 10 juin devant la cour d'Assises de Papeete. Sur les conseils de son avocat, le meurtrier de Mauitua Noho avait fait appel de sa première condamnation estimant la peine prononcée trop sévère. De plus, selon son conseil, Me Robin Quinquis, cette peine était illégale puisqu'elle n'avait pas reçu la majorité des huit jurés pour pouvoir aller au-delà des 20 ans, ni l'unanimité pour aller à 30 ans.


Une vie gâchée par l'alcool et les stupéfiants


C'est en février 2013 que la vie d'Eugène Raurahi bascule. Le jeune homme vit  alors une période difficile depuis cinq ans. Traumatisé par le décès de sa mère en 2008, ce fils unique plonge dans l'alcool, le cannabis et parfois l’ice. Une véritable descente aux enfers qui l'empêchera de remonter sur les rings. Pourtant le jeune homme a un bel avenir devant lui. Champion de boxe de Polynésie, le jeune sportif qui a également participé aux championnats de France et aux jeux du Pacifique, n'a perdu qu'une quinzaine de combats sur les 98 menés.

Début 2013, il tente alors de reprendre sérieusement la boxe mais il perd son premier combat. Le 15 février, lors d’une soirée très arrosée sur le boulodrome du quartier Mahaiatea, à Papara, son ami, Mauitua Noho, avec qui il entretient une rivalité sportive, le taquine sur son échec. Eugène Raurahi s'en offusque, se met en colère et utilise alors ses poings contre son ami. Un déferlement de rage qui finira par tuer Mauitua Noho, dit Mani.

Stella Salmon, un des témoins de cette affaire, décrit pourtant le jeune homme comme une personne calme. Mais, comme le rappelle cette habitante de Papara, l'alcool consommé ce soir-là a dû fortement contribuer à rendre violent le comportement du boxeur.

Écoutez Stella Salmon interrogée par notre journaliste Bélinda Tumatariri

(F) 7H MERCREDI ASSISES RAURAHI - STELLA SALMON.mp3


La colère de la famille de la victime

Du côté de la famille de la victime, ce procès en appel résonne comme une nouvelle sentence. Effondrée par la mort de son compagnon, Maria Carel Tepa n'en est pas moins en colère. En effet, la compagne de Mani n'accepte pas que l'assassin du père de ses enfants voit sa peine réduite. "Il doit payer sa dette et rester en prison", a t-elle confié à nos journalistes lors de la première journée du procès.


Pour l'avocat de la partie civile, Me Stéphanie Wong-Yen, la peine est d'autant plus lourde pour la famille qu'elle habite à deux pas des lieux du crime et croise régulièrement la famille d'Eugène Raurahi.


Ce mercredi 10 juin, avant la plaidoirie de l'avocat de la famille et les réquisitions de l'avocat générale, les enfants de la victimes ont témoigné à la barre. Ils ont exprimé leur peine et leur douleur d'avoir perdu leur père il y a deux ans. Leur mère Mariah Carel Tepa s'est dit néanmoins soulagée qu'ils aient pu témoigner.

maria carel