Affaire Sarah Nui 1 : 14 prévenus à la barre

C’est le premier volet d’un dossier conséquent qui s’ouvre au tribunal ce 1er octobre : l’affaire dite « Sarah Nui », du nom de l’hôtel où les principaux suspects avaient été interpellés en août 2018…Au total, 40 personnes sont mises en examen dans ce trafic présumé international d’ice et de paka.
 
Ce 1er octobre, le tribunal correctionnel de Papeete s’est penché sur l’écoulement de la drogue au niveau local. Quatorze personnes comparaissent, dont trois actuellement en détention provisoire. Sept ont déjà été jugées en CRPC (Comparution avec Reconnaissance Préalable de Culpabilité).
 

Circulation d'armes à feu


Avec, en filigrane, la circulation d’armes à feu. C’est Thomas Buchin, « homme à tout faire » rémunéré en ice prête à fumer, qui est soupçonné d’avoir fourni armes et munitions, notamment à Tamanu OTI, grossiste présumé, ou encore à « Taco », condamné en février dernier dans une autre affaire. « C’est surtout un passionné d’armes à feu, tempère son avocat, Me Sylvain Fromaigeat. Il allait au club de tir depuis tout petit avec son papa. Jamais ses armes n’ont été utilisées dans le cadre d’un règlement de comptes. »

Pourtant, lors de leurs auditions, les suspects livrent un tout autre récit : lorsqu’il a fallu aller faire peur à « Enzo » qui avait tenté d’arnaquer Francis TARANO, fournisseur présumé de Titioro, en lui vendant pour 16 millions de Fcp de bonbons à la menthe. « J’ai demandé à Tamanu Oti de prendre un fusil, au cas où, se défend Francis Tarano. C’était pour se protéger, pas pour tuer quelqu’un. » Lors des perquisitions, les enquêteurs retrouveront une carabine 22 long rifle et un pistolet Astra chez Tamanu Oti. Une carabine, un Colt 45 et une Winchester chez Thomas Buchin.
 

Des "goûteurs" pour tester la drogue


Dans ce dossier, de nouveaux rôles semblent apparaître : des intermédiaires chargés d’apporter les clients. Les grossistes préférant « rester dans l’ombre », explique Mélanie Pan Si-Iotua, dite « Patrona », une des prévenues. Mais aussi des "goûteurs" pour s’assurer de la "qualité" de la drogue. Souvent, les rôles sont échangés.

Au domicile de Francis Tarano, les enquêteurs retrouveront notamment 49 millions de Fcp en espèces. « Depuis que je vends de l’ice, je n’ai plus de vie, raconte à la barre Francis Tarano. Tous les jours, j’avais peur d’être arrêté. Mais dire que je regrette, c’est mentir. Ça rapporte beaucoup d’argent. Je n’arrivais plus à arrêter. Ma femme m’a dit d’arrêter, de penser aux enfants. Aujourd’hui, je demande pardon à mon entourage. »

Aucune des têtes présumées de ce trafic ne consommait. « J’avais peur que les enfants me copient, » explique Francis Tarano, soupçonné d’avoir écoulé ou tenté d’écouler 3 kg d’ice au total. « Je me considère comme une victime, déclare-t-il. Je me suis fait souvent arnaquer car ils me vendaient des produits qui n’étaient pas bons. »

Les prévenus encourent jusqu’à 10 ans de prison. Le double pour ceux en état de récidive. Ils sont trois dans ce cas…

Le procès se poursuit les 2 et 3 octobre, avec la suite des auditions, le réquisitoire et les plaidoiries des avocats. Le volet international lié à l’importation de drogue et mettant en cause, notamment, Tamatoa Alfonsi et Maitai Danielson, sera jugé en janvier 2020.
Affaire Sarah nui 1 : 14 prévenus à la barre