Confinement : la souffrance des personnes autistes et de leurs familles

Caroline Bravi et son fils Julian 7 ans.
Alors qu'en France, les règles du confinement vont être adaptées pour les autistes, rien de tel n'a été prévu en Polynésie. En cette journée mondiale de sensibilisation à l'autisme, les familles demandent à ce que ne soient pas oubliés ces enfants et ces adultes aux besoins particuliers.
Cette année, dans une Polynésie mobilisée par la lutte contre le Covid-19, leur journée passerait presque inaperçue. Les autistes souffrent pourtant peut-être encore plus que les autres du confinement imposé par les autorités.

En ce 2 avril, journée mondiale de sensibilisation à l'autisme , Caroline Bravi, présidente de l’association Entre deux mondes, et elle-même maman d'un petit garçon autiste de 7 ans, avoue que "le confinement ne rend pas les choses faciles".

"C’est difficile en ce moment dans certaines familles" où un enfant est autiste, rapporte Caroline Bravi qui a créé son association en 2016. "C’est déjà compliqué quand il y a école, mais confiné en permanence à la maison... Les autistes adultes peuvent sortir, mais ces enfants, pas du tout", rappelle-t-elle.

En France, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'un formulaire d'attestation adapté spécialement pour les autistes et leurs accompagnants, qui sont eux aussi autorisés à sortir. 

Rien de tel n'a encore été prévu en Polynésie, où l'association Entre deux mondes a appelé les familles avec un enfant autiste à poster sur les réseaux sociaux sous les hashtags #entredeuxmondes " et "autismeenpolynesie. 
 
"Il n'y aura pas forcément des problèmes, mais une régression dans leur comportement (à l'issue de ce confinement), c'est sûr", s'inquiète Caroline Bravi, qui redoute aussi la continuité pédagogique mise en place à partir de lundi.

"On va devoir se débrouiller", reconnaît-elle, avec le regret qu'on parle des handicaps visibles, mais pas des "invisibles, comme l’autisme ". 

Par chance, une enseignante volontaire, Christelle Sellier, a créé un groupe spécialisé pour ces enfants sur Facebook. 

L'autisme, trouble méconnu en Polynésie

Il est difficile de savoir combien de personnes sont sur le spectre autistique en Polynésie française, car aucune statistique n'existe, et ce sont les pédopsychiatres, déjà débordés, qui se chargent ici de leur suivi. 

"Personne ne nous donne de chiffres, ne veut nous en donner. Tout le monde a conscience que c’est énorme mais tant que ça reste caché, ça n’avance pas", déplore Caroline.

Tout ce que demandent ces parents, c'est la possibilité d'offrir à ces enfants aux besoins particuliers une "petite porte de sortie" du confinement, même quelques minutes par jour. 

Lire ici le cri d'alarme de Samuel le Bihan, acteur et co-président de l'association Autisme Info service.