Drague, harcèlement ou agression sexuelle ? Certains ont du mal à faire la différence

Entre les trois la frontière peut parfois paraître infime, mais les conséquences sont réelles pour les victimes. 
Le harcèlement sexuel au travail est un délit, puni par la loi depuis 2012. Des gestes, des mots déplacés, jusqu’au chantage sexuel…Des actes difficiles à dénoncer pour les victimes, qui sont rarement entendues. L’affaire Coco Deane à Arue ou encore celle de l’Intercontinental montrent à quel point les procédures sont délicates.

Lucile Guichet-Tirao et Jérôme Lee :
Drague, harcèlement ou agression sexuelle, certains ont du mal à faire la différence

Drague un peu lourde ou harcèlement sexuel ? La frontière est ténue, mais réside dans le consentement. Lorsque c’est imposé et non réciproque, c’est du harcèlement sexuel. 

Pour faire la différence, le site PTS a réalisé un tableau :
En Polynésie, il n’existe pas de chiffre officiel. Mais certains secteurs d’activité, comme l’hôtellerie-restauration sont plus souvent exposés. Une employée de restaurant sous couvert d’anonymat reconnaît « des tapes sur les fesses, des trucs comme ça…Y’a des collègues qui acceptent, d’autres qui n’acceptent pas. Moi, je n’accepte pas. »

Le harcèlement sexuel au travail, cela peut être : 

Mais même les syndicats sont peu aguerris et reconnaissent recevoir peu de plaintes. "C'est la loi du silence," suppose Yves Laugrost, du syndicat A ti'a i mua.

Si un(e) employé(e) s'estime victime de harcèlement sexuel, il (elle) doit en informer le plus rapidement possible un syndicat (délégué du personnel, CHSCT) et son supérieur hiérachique. L'employeur a une obligation de protection de ses salariés et, en fonction du règlement intérieur de l'entreprise, il devra prendre des mesures pouvant aller jusqu'au licenciement du harceleur. 

Dans le Code du travail polynésien, c’est à la victime d’apporter les preuves du harcèlement sexuel. Car c’est un délit passible de 2 ans de prison et 3 millions et demi de F d’amende.
Me Robin Quinquis a défendu plusieurs dossiers. Une procédure souvent délicate : "La première étape du dévoilement est difficile. Pour une 'working girl', c'est souvent difficile à accepter de se reconnaître en victime. Ensuite, il est difficile de rapporter la preuve par des faits matériels de l'existence d'un harcèlement. Et on est souvent dans des situations où le harcèlement est contesté par l'auteur, mais aussi par son entourage. Donc, il y a un rapport de force qui se fait et, dans des rapports de travail, ça peut être extrêmement malsain."

Chaque année, environ 3 signalements pour harcèlement sexuel finissent sur les bureaux de l’inspection du travail, lorsque la voie amiable est restée une impasse.