A Puurai , les habitants n'attendent (presque) rien de la visite du Président Macron

Contrairement aux habitants de Hiva Oa aux Marquises, le séjour en Polynésie du Président Macron passe presque inaperçu à Puurai, un des quartiers de Faa'a. Ses habitants savent qu'il ne viendra pas les voir, même s'ils auraient aimé lui demander des choses.

En sortant de l'aéroport, le convoi présidentiel va directement se rendre à l'hôpital de Taaone, sur la côte est. Un parcours bien balisé qui ne comprend pas de détour vers les hauteurs de Faa'a. Notamment à Puurai.

 

La-haut, les habitants sont bien sûr au courant de l'arrivée du Président Macron et se doutent bien qu'il ne fera pas de halte dans leur quartier.

Malgré tout, "il faut accueillir notre président, parce que ça s'appelle Polynésie française. Il faut l'accueillir car il n'est pour rien dans les essais nucléaires", déclare Marina qui attend le bus. "Bienvenue Président, il faut venir voir les quartiers insalubres, des choses qui ne vont pas dans le gouvernement, il y a des personnes qui attendent des logements, comme ma fille, depuis des années". Le ton est donné. Il oscille entre rancoeur et résignation. 

 

Car là-haut, à Puurai, les gens se sentent oubliés du reste du monde. Et espèrent un geste généreux. Comme cet homme accompagné de celui qu'il appelle son fils. "J'attends beaucoup de milliards...Nous on rembourse en prières, en milliards de prières, on n'a que ça. C'est dur, il n'y a pas de travail", dit-il avec une pointe d'ironie. Et son "fils" d'ajouter, amèrement, qu'"il nous a foutu la bombe au c..., il fa falloir réparer tout ça". Son "père" le reprend et précise : "il [son fils] se trompe de président, c'était de Gaulle" [pour la bombe].

Le "fils" et son "père".

 

Devant un magasin, une jeune femme pense que la visite présidentielle "ne sert à rien". Elle aimerait que "ça apporte de nouvelles choses pour les jeunes, pour tout le monde, pas juste sur la crise sanitaire. Qu'il s'intéresse à tout le monde, pas qu'à la crise, aux masques, au vaccin obligatoire ou pas". "Y'à tellement de sujets à évoquer".

 

Mais en quatre jours, le Président ne pourra évidemment pas tous les aborder. C'est ce qu'a compris un homme au chapeau, qui sort lui aussi du magasin. "Ca ne sert à rien, pas la peine de demander au président l'argent, faut se débrouiller", dit-il. C'est sûr que quand on habite en hauteur, on ne voit pas les problèmes de la même manière que ceux qui vivent en bas.