Début février, la Nouvelle-Zélande avait déjà reproché aux îles Cook un "manque de transparence" sur ses relations avec la Chine. Mi-février, la question de la collaboration de l'archipel avec la Chine avait encore été soulevée, suite à une licence accordée en 2022 à trois entreprises pour rechercher des nodules riches en métaux tels que le nickel et le cobalt, qui sont utilisés dans les batteries des voitures électriques.
Un partenariat stratégique avec Pékin
Le Premier ministre du petit archipel des îles Cook, Mark Brown, a déclaré dans un communiqué que cet accord s'inscrivait dans le cadre du "partenariat stratégique" avec la Chine révélé mi-février. Celui-ci couvre notamment le commerce, l'investissement et l'océanographie.
Selon ce texte, diffusé samedi 22 février, les deux pays vont travailler ensemble, en matière "d'exploration" et de "recherche de ressources minérales des fonds marins" dans les eaux de cet archipel de 17.000 habitants.
Le protocole négocié avec la Chine n'implique cependant aucun accord pour la délivrance de licences d'exploration ou d'exploitation à ce stade, a indiqué le gouvernement des îles Cook.
Une exploration sous surveillance, sans exploitation immédiate...
Le gouvernement a tenu à préciser que cet accord ne prévoit pas, à ce stade, l'attribution de licences d'exploitation ou d'extraction.
Depuis 2022, trois entreprises - CIC, CIIC Seabed Resources et Moana Minerals - sont déjà autorisées à explorer les fonds marins du minuscule pays insulaire, à la recherche de "nodules polymétalliques", ces nodules riches en métaux tels que le nickel et le cobalt, essentiels aux batteries des voitures électriques.
Le gouvernement des îles Cook ne compte toutefois pas donner un éventuel feu vert pour l'exploitation, avant d'avoir évalué les conséquences d'une telle activité, en particulier sur l'environnement.
Notre secteur des minéraux en fonds marins reste sous surveillance réglementaire stricte, garantissant que toutes les décisions sont prises de manière transparente et dans le meilleur intérêt des îles Cook et de leur population.
Mark Brown - Premier ministre des îles Cook
Promesses économiques VS craintes écologiques
Les entreprises du secteur espèrent gagner des milliards de dollars, en extrayant des fonds marins des nodules polymétalliques, chargés de manganèse, de cobalt, de cuivre et de nickel. En face, les défenseurs de l'environnement craignent que ce procédé ne ravage les écosystèmes marins et provoque des dégâts irréversibles.
Dans la région Pacifique, la Nouvelle-Zélande soutient actuellement une interdiction internationale de l'exploitation minière sous-marine. Mais mi-février, le ministre des ressources du pays, Shane Jones, a laissé entendre un possible revirement. Il a déclaré à l'AFP que Wellington n'excluait plus de changer d'avis, "alors que les minerais stratégiques ont un rôle de plus en plus important à jouer".
La Chine renforce son influence dans le Pacifique
Cet accord s'inscrit dans le cadre d'une stratégie plus large de Pékin, visant à étendre son influence militaire, économique et diplomatique dans la région Pacifique, au détriment notamment des Etats-Unis, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, puissances historiques de la zone. Les îles Salomon et Kiribati y sont, par exemple, d'autres bénéficiaires de l'aide chinoise.
Alors qu'en Europe, la Norvège qui prévoyait d'ouvrir l'exploration sous-marine en 2025, a reporté ses projets, sous la pression politique interne. Le pays comptait attribuer, en 2025, ses premiers permis d'exploration minière sous-marine, mais son gouvernement a consenti à ne pas le faire dans ce délai, en vertu d'un accord conclu avec un petit parti allié pour faire adopter son budget.