Hitia'a : la mangrove au secours du lagon envahi par la boue ?

A Hitia’a, l’association Fa’ahotu ia Hitia’a dénonce les terrassements sauvages de la montagne qui ont tué les embouchures et le corail qui s’y trouve. Des milliers de mètres cubes de terre auraient été déversés dans les rivières. La solution, planter de la mangrove ?

Ce samedi 8 mai, l’association Fa’ahotu ia Hitia’a prépare une plongée de relevés. Des années après les nombreux terrassements sauvages sur la montagne de la commune, l’association est persuadée que la terre déversée dans la rivière étouffe aujourd’hui le littoral.

 

Sous l’eau, une épaisse couche de boue a tué toute la vie sous-marine. Les coraux ont été ensevelis. Les poissons ont disparu.

Un peu plus près de la surface, la faune a survécu. « C’est pas trop clair", constate Michel Arakino, plongeur professionnel et bénévole au sein de l’association Fa’ahotu ia Hitia’a. "Beaucoup de boue entre 18 et 8 mètres, pas trop de vie. Mais à partir de 3 mètres, jusqu’à la surface, il y a un petit peu de vie. »

 

 

Ce constat ne surprend pas Marcelino Teriinoho, pêcheur et ancien habitué des lieux : « Je venais faire de la chasse sous-marine avant, par ici. Mais aujourd’hui, on ne peut plus, il y a de la boue, tu vois rien, ça ne sert à rien. Tu es obligé d’aller loin, de ne plus pêcher par ici, c’est malheureux. »

La mangrove, une nurserie

 

Des milliers de mètres cubes de terre déversés dans les rivières Vaitiare et Mereu et, en bout de course, dans le lagon, au niveau des embouchures.

Alors, l’association Fa’ahotu ia Hitia’a voudrait transformer ce constat affligeant en projet positif. Elle souhaite repeupler le lagon. « On pourrait éventuellement pomper la boue", suggère le président de l’association, Emile Vernier. Mais ça paraît difficile, il y en a trop. "Donc, la solution serait de planter de la mangrove ici, nous sommes en train de voir avec le CRIOBE. Parce qu’ici, il y a beaucoup de boue, la mangrove pousse dans la boue, dans la mer. En espérant que cette mangrove va bien pousser et devenir une nurserie pour les petits poissons, les crabes, les poissons… »

Introduite en Polynésie en 1933 pour une tentative d’élevage de crabes et d’huîtres, la mangrove est présente aujourd’hui sur 6 îles polynésiennes. Elle filtre et stabilise les sédiments. Son impact sur la biodiversité locale fait actuellement l’objet d’une étude menée par la Fédération des associations de protection de l’environnement.

Regardez le reportage de Lucile Guichet-Tirao :