L'assainissement des eaux usées ? Une question qui ne coule pas encore de source

A Tahiti, la question de l'assainissement des eaux usées fait grincer des dents comme par exemple à Arue et Pirae. Le SIVU, syndicat intercommunal d'étude de l'assainissement des eaux usées, somme les administrés à plus de civisme. Dans ces communes, les eaux usées sont rejetées dans l'océan.

Sur la plage Lafayette à Arue, l’eau qui sort de cet émissaire d’eaux pluviales est si limpide qu’on s’y pencherait pour la boire. Mais l’odeur nauséabonde qui s’en dégage, dissuaderait n’importe qui d’aller plus loin.

L'assainissement des eaux usées ? Une question qui ne coule pas encore de source

 

Stéphanie Pourlier, directrice du syndicat intercommunal de Pirae et Arue en charge de l'assainissement, n'est pas étonnée : "ce qu'on demande aux particuliers c'est de regarder les installations privées, pour les contrôler et vérifier s'il y a besoin de les réhabiliter". 

Les apparences sont trompeuses

 

Un secret de polichinelle pour le voisinage et les habitués de cette plage publique. Sauf pour ceux qui viennent ici pour la première fois. Comme Rimatua qui "pense qu'elle est bonne, elle est claire, et quand tu te baignes, tu ne te grattes pas". Pour Stéphanie Pourlier, il ne faut pas se fier aux apparences : "quand on arrive après que les eaux [usées] se mélangent dans l'océan, on a des notions de dilution, et donc il suffit de faire 200 ou 300 m, on a des eaux de baignade qui sont de bonne qualité. Mais toutes les embouchures sont de mauvaise qualité".

 

Un peu plus loin, la rivière Fautaua sépare la ville de Pirae et de Papeete. C’est l’une des plus polluées de Tahiti. Du fin fond de la vallée à l’embouchure. Des kilomètres de rives occupées par des habitations. Ici la rivière est une fosse septique à ciel ouvert. "On a des rejets d'une station d'épuration qui ne fonctionne pas. Normalement on devrait avoir des eaux usées traitées dans la station d'épuration, ce qui n'est pas le cas. Effectivement, ça vient polluer énormément les eaux de la rivière", explique Stéphanie Pourlier.

La solution, la station d'épuration de Papeava

 

Sur plusieurs kilomètres de rivière, on constate une prolifération d’algue verte, autre indicateur de pollution. Les spécialistes appellent ça l’eutrophisation. "Normalement pour avoir une qualité d'eau de baignade qui est correcte, on doit avoir un taux de Escherichia coli, c'est une bactérie coliforme qui un est un bon indicateur du taux de pollution, inférieur à 100 pour 100 ml d'eau. Ici, on est au-delà des 12 000, 13 000 unités d'Escherichia coli pour 100 ml d'eau !", détaille Stéphanie Pourlier.

 

Le temps est compté. Les communes de Pirae et d’Arue doivent se raccorder à la station d’épuration de Papeava à Papeete. Sa capacité de traitement est de 3 500m3 par jour pour un rendement actuel de 1 500m3 par jour…   

Regardez le reportage d'Ismaël Tahiata :

 

Pour aller plus loin sur la question de l'assainissement des eaux usées, regardez l'entretien de Jacky Bryant, adjoint au maire d' Arue :