La Covid-19 a perturbé les transports aériens et de nombreux pays sont fermés. C'est la cause d'histoires dramatiques, dont celle de la famille Lin, à Tahiti. Les parents, partis pour le nouvel an chinois début 2020, n’ont jamais pu revenir. Laissant Benina, leur fille de 13 ans, seule ici.
C’est un quotidien à deux. Depuis plus d’un an, Benina Lin, 13 ans, vit avec sa tutrice, Tamara Manarani, une employée de son père.
Comme chaque année, en janvier 2020, ses parents et son petit frère âgé de 7 ans, sont partis pour un mois en Chine, fêter le Nouvel An. Benina, scolarisée au collège, est restée à Tahiti. Mais en 2020, la covid-19 est venue tout bouleverser et ses parents restent depuis bloqués en Chine.
Benina a pris l’habitude de les appeler chaque soir vers 19h, en fonction du décalage horaire, pendant que sa tutrice gère le quotidien, mais aussi les factures et les papiers administratifs. « Je n’ai pas trop d’informations par rapport à leur retour, raconte Benina. Avec d’autres personnes, ils essaient de voir s’il y a un vol pour Tahiti […] à chaque fois, le retour est reporté, reporté… ».
Collégienne studieuse et organisée, Benina se montre très courageuse et se concentre sur l’école et ses loisirs : la danse classique et le piano.
Situation administrative compliquée
Nés à Tahiti, Benina et son petit frère sont citoyens français. Mais ses parents, propriétaires d’une ferme perlière à Arutua, sont de nationalité chinoise, ce qui complique les démarches pour voyager en ce moment, en plus des nombreuses frontières fermées.
La Nouvelle-Zélande est fermée, pas de vol direct non plus pour Tahiti. Pour rentrer en Polynésie, les parents de Benina devraient se rendre d’abord à Paris et pour cela, demander un visa de transit pour la France. Puis, prendre un vol Paris-Papeete via Vancouver, avec un autre visa de transit pour le Canada. Ce dernier nécessite jusqu’à 500 jours de délai d’attente pour les ressortissants chinois.
Une situation intenable pour Benina. « Je m’organise comme si mes parents étaient là, mais ils ne sont pas là. Je rentre chez moi, je fais mes devoirs, je mange, je les appelle, je prépare mes affaires et le lendemain, c’est la même chose…Petit à petit, ça va mieux…ça passe…[le plus difficile] c’est qu’ils ne soient à pas à côté de moi. »Le 4 avril dernier, Benina a fêté ses 13 ans, le 2e anniversaire sans ses parents. « Je l’ai fêté avec une amie de mon père qui est venue me chercher, on est allé manger au restaurant. Ils m’ont fait une surprise avec des gâteaux et des cadeaux […] Tu n’as pas l’impression que c’est un anniversaire quand tu le fêtes sans tes parents. Tu as l’impression que c’est juste un évènement normal, avec des cadeaux, mais sans tes parents…c’est difficile. »
Benina espère qu’un vol pourra être affrété pour les résidents polynésiens bloqués en Chine comme ses parents.
On estime dans l'autre sens, qu'une cinquantaine de ressortissants chinois sont bloqués à Tahiti depuis plus d'un an, dans l'attente de rentrer chez eux.