La petite fourmi de feu éradiquée de Maruapo à Punaauia

Une grande victoire et une première : la petite fourmi de feu est officiellement éradiquée de la vallée Maruapo, à Punaauia. Elle y menaçait le monarque de Tahiti, oiseau endémique. L'association Manu a pu en venir à bout, grâce à des épandages. Une grande avancée contre cette peste invasive.

L’équilibre est revenu dans la vallée Maruapo de Punaauia. Deux fois par jour, Wilfrid Tairio vient y nourrir ses animaux, des porcs, des chèvres et quelques canards.

Pendant 15 ans, la petite fourmi de feu avait fait de la vie de tous un enfer, arrivée par le lotissement Te Maru Ata avec de la terre infectée : « Sur nous, c’était un problème parce que c’est vraiment dangereux. Particulièrement aussi sur mes animaux. Ils perdaient la vue. Et les petits perdaient la vie à cause des piqûres. Et maintenant, on est heureux. » L’éleveur assure même revoir des monarques tourner autour de son élevage.

Des épandages par drone, une première mondiale

 

Pour protéger le monarque, oiseau endémique de Tahiti, l’association Manu a dû lutter contre cette peste invasive. La petite fourmi de feu faisait disparaître les derniers individus.

Il y a 3 ans, 4 épandages par drone de petites graines empoisonnées peu toxiques sont effectués sur la falaise. 16 hectares sont ainsi quadrillés.

Après 3 ans de surveillance et de relevés, la petite fourmi de feu (ci-dessous en rouge) a disparu. Une grande victoire.

Bilan 2015-2016 (Points/zones rouges: présence de PFF ; vertes: absence de PFF ; lignes parallèles = lignes de vols suivies par le drone)

Bilan 2021

« Plus personne ne croyait qu’on pouvait trouver une solution, tout le monde avait baissé les bras", se souvient Caroline Blanvillain, chargée de programme oiseaux terrestres à la Société d'ornithologie de Polynésie – Manu.

 

"C’est vraiment une avancée historique, c’est quelque chose qui n’a jamais été fait au monde […] Un exploit technique avec le drone […] et puis, trouver un moyen, dans les milieux tropicaux, d’éradiquer la fourmi parce qu’on passe par les arbres et qu’on peut enfin atteindre les reines qui sont préférentiellement au sommet des arbres, c’est extraordinaire. »

Mais la méthode doit maintenant être testée ailleurs, dans un environnement forestier différent. Forte de cette avancée, l’association Manu est en train de traiter deux autres colonies à Punaauia.

Victoire pour le monarque, espoir contre la fourmi

 

Car si c’est une victoire pour la sauvegarde du monarque de Tahiti, c’est aussi un formidable espoir pour la lutte contre la petite fourmi de feu en Polynésie.

Pour éviter qu’elle ne se répande, attention aux déplacements de terre : les remblais, les plantes, le compost et même lors de déménagement, tout doit être testé avant d’être déplacé et traité au besoin.

Concernant la déchetterie en particulier de Te Maru Ata d’où part la petite fourmi de feu, Caroline Blanvillain précise qu’en cas de jour de fermeture, il ne faut pas déposer ses déchets verts ailleurs, sur le bord de route, mais bien dans les bennes prévues à cet effet, les jours d’ouverture. « Et surtout, si vous venez de vous apercevoir que vous avez de la petite fourmi de feu dans votre jardin, traitez tout de suite. En un traitement, vous allez vous en débarrasser. Sinon, ce sont vos petits-enfants qui vont pleurer parce que eux, ils ne pourront plus vivre sur cette terre. »

Pour traiter la petite fourmi de feu, utiliser un insecticide à effet retard, afin que les ouvrières puissent remonter contaminer la reine.

La petite fourmi de feu projette de l’acide formique dans les yeux des animaux qui deviennent aveugles. Après leur installation, tous les autres insectes disparaissent.

Grâce à ce succès, le monarque de Tahiti peut continuer à vivre dans la vallée de Maruapo qui abrite aujourd’hui la plus grande population de cet oiseau endémique. Il ne reste qu’une centaine d’adultes au total, contre seulement 12 il y a 20 ans. En danger critique d’extinction, ils ne survivent que dans 3 vallées de Tahiti : Maruapo, Papehue et Tiapa de Paea.

Regardez le reportage de Lucile Guichet-Tirao :